Le vote en faveur du Brexit risque d’ébranler le système de santé britannique. Les procédures administratives pourraient bien pousser les 110 000 soignants originaires d’un pays membre de l’Union européenne à quitter le pays.
Votre travail auprès des patients est remarquable, votre rôle au sein du NHS (National Health Service, le service public de santé, NDLR) est déterminant et notre pays vous accorde la plus grande estime. » À l’instar de Jeremy Hunt, secrétaire d’État à la Santé, les responsables sanitaires du Royaume-Uni se sont succédé, fin juin, pour rassurer les professionnels de santé originaires de l’Union européenne (UE). Car, depuis le vote en faveur du Brexit, ces derniers n’ont plus vraiment l’impression d’être les bienvenus outre-Manche. Certains auraient même été la cible d’agressions verbales racistes. Au-delà du climat de tension généré par le référendum, les quelque 110 000 professionnels de santé européens exerçant au Royaume-Uni s’interrogent sur leur avenir dans un pays qui compte sortir de l’UE. Pourtant, les éta?blissements pourront difficilement se passer de cette main d’œuvre qualifiée : 10 % des médecins et 4,5 % des infirmières et sage-femmes sont originaires de l’Union européenne, notamment d’Espagne, du Portugal, d’Italie et d’Irlande.
Depuis la fin des années 1990, le recrutement d’infirmières à l’international supplée la hausse de la demande de soins, mais surtout le manque de diplômées nationales. En 2001-2002, les Australiennes, Indiennes, Philippines, Sud-africaines et les Européennes repré?sentaient ainsi plus de 50 % des nouvelles inscrites au Nurse and Midwifery Council (NMC), l’ordre des infirmières et sages-femmes. Le gouvernement tente aujourd’hui d’inverser la tendance en augmentant les quotas : quelque 50 000 étudiantes infirmières sont en cours de formation, un chiffre « record », souligne Jeremy Hunt. Mais il faudra patienter pour les voir intégrer le marché du travail.
En attendant, les établissements font à nouveau face à une pénurie d’infirmières, dans un contexte de vigilance accrue sur les effectifs depuis le scandale sanitaire de l’hôpital Stafford
Reste que la lourdeur des procédures de recrutement des soignantes originaires d’un pays hors UE – six mois en moyenne – ont amené les hôpitaux à désormais privilégier le recrutement d’infirmières européennes, note l’IES. Ces dernières n’ont pas besoin de visa pour travailler. Elles doivent s’inscrire à l’Ordre, qui vérifie leur diplôme et leur niveau d’anglais. En supplément, les infirmières hors UE doivent passer deux examens de compétences… et s’acquitter de la somme de 1 415 £, soit 1 688 €
1- L’Infirmière magazine n° 319, 15 mars 2013.
2- 120 livres (environ 143 euros) pour les Européennes.
3- L’Écosse a voté contre le Brexit.