L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

SUICIDES DES INFIRMIERS

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Aveline Marques  

Alors que Marisol Touraine promet de nouvelles mesures de lutte contre les risques psychosociaux, la Coordination nationale infirmière ne cesse de dénoncer les conditions de travail.

Le 14 septembre, une cinquantaine de soignants se sont rassemblés à Martigues (13) pour rendre hommage aux cinq infirmiers qui se sont suicidés depuis début juin. À l’initiative de la Coordination nationale infirmière (CNI), qui avait déposé un préavis de grève national, les participants ont observé une minute de silence et formé un SOS au sol pour dénoncer leurs conditions de travail et alerter sur la détresse des professionnels de santé.

Respect des proches

Le syndicat n’a pas été convaincu par la prise de parole tardive de la ministre de la Santé, le 1er septembre sur le site Espaceinfirmier.fr. « Profondément attristée » par les suicides des soignants du CHU de Toulouse, du GH du Havre, du CH de Saint-Calais et d’un service de santé au travail de la région de Reims, Marisol Touraine a indiqué avoir exprimé « à leurs collègues et amis » son « soutien » et sa « solidarité ». « J’ai tenu à ce que tout soit entrepris pour mieux comprendre les raisons de ces actes dramatiques, car tout suicide est évidemment une situation particulière, complexe et multifactorielle par nature », a affirmé la ministre. Marisol Touraine justifie son silence public sur ces drames : « J’estime que le respect des proches comme la recherche de la vérité imposent de la réserve et de la retenue, incompatibles avec une communication de l’instant. » La ministre de la Santé reconnaît toutefois qu’il faut « à l’évidence amplifier les efforts » en matière de prévention des risques psychosociaux et annoncé qu’elle prendrait à l’automne une « une série de nouvelles mesures, qui s’appuieront notamment sur les travaux actuellement menés par l’Inspection générale des affaires sociales » suite au suicide du cardiologue Jean-Louis Mégnien, à l’hôpital Georges-Pompidou (AP-HP) en décembre dernier. « Il est impératif d’arrêter les diminutions d’effectifs, de définir des ratios soignants au lit du patient et de mettre en place une réelle prévention des risques psycho-sociaux dans les établissements de soins, insiste de son côté la CNI dans une lettre ouverte au président de la République. Il serait bien utopique de croire que quelques recommandations suffiront à résoudre la crise majeure que vivent nos établissements si ces dernières ne sont pas accompagnées de moyens financiers. » La CNI appelle les soignants à porter un brassard noir et à signer une pétition(1).

1- http://www. coordination-nationale-infirmiere.org/