L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

ROMAN

RENDEZ-VOUS

ZOOM

CATHERINE FAYE  

« Avant l’irruption de l’enfant gris dans ma vie, celle-ci semblait parfaite. » La rencontre de Jo’, jeune interne dans un service de pédiatrie, et de No’, patient d’à peine sept ans, est une conjonction heureuse. Ou, pour être plus exacte, féconde dans son acception initiatique. « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante », écrivait Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince dont les analogies avec La ballade de l’enfant-gris sont saisissantes. Car No’, dont les jours sont comptés, va, lui aussi, guider l’adulte vers la connaissance. De soi-même et des autres. Plus encore, vers la reconnaissance de l’enfant qu’il fut et qui perdure en lui. Au centre du lien qui se tisse entre eux, la mère. Mystérieuse et absente. Jo’ veut la retrouver. Réparer le silence. « On va la trouver, No’. Je te le promets. Et tu verras : elle t’aime, j’en suis sûr. Ta maman t’aime, oui… » Après Alors voilà : les 1 001 vies des Urgences et Alors vous ne serez plus jamais triste, Baptiste Beaulieu, médecin généraliste, signe ici un troisième roman triste et joyeux, enchevêtré et singulieR. Une quête par-delà les frontières, où visible et invisible ne font qu’un. Sur son blog, on peut lire : « Ce matin, j’ai réalisé que l’anagramme de “soigneur” est “guérison”. » Une guérison parfois invisible pour les yeux, mais où « accepter le bonheur comme le malheur, c’est tomber d’accord avec le monde ». Un réenchantement de la vie et de sa fragilité, dont la disparition de No’ devient une allégorie. « Tu comprends, Jo’ ? »

La ballade de l’enfant-gris, Baptiste Beaulieu, Éd. Mazarine, 18 €