L'infirmière Magazine n° 375 du 01/10/2016

 

SUISSE

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Murielle Chalot  

La qualité des hôpitaux suisses ne vaut pas son coût, selon le dernier rapport du préposé fédéral helvète à la surveillance des prix.

Des soins de qualité moyenne, qui coûtent « extrêmement cher » : c’est le constat lucide que fait Stefan Meierhans(1), le surveillant des prix de la Confédération helvétique, qui se base notamment sur les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pratiques pour procéder à des comparaisons internationales(2). Du côté de la qualité, qu’il s’agisse du taux de mortalité correspondant à la part de patients de plus de 45 ans admis à l’hôpital pour infarctus du myocarde et décédés dans les 30 jours, des complications postopératoires ou d’autres indicateurs, la Suisse se situe, sur la base des données 2013, en milieu de classement, dans la moyenne de l’OCDE. Du côté des coûts, en revanche, le pays occupe les premières places du classement tant pour les dépenses de santé par habitant que pour la croissance des dépenses ou leur part dans le PIB : avec 6 325 $ par an, il figure par exemple au deuxième rang des dépenses par habitant, derrière les États-Unis et dix places devant la France (4 124 $), la moyenne de l’OCDE se situant à 3 453 $.

Trop d’hôpitaux ?

Autre constat : si le nouveau système de financement hospitalier à la prestation, en vigueur depuis début 2012, incite au raccourcissement des séjours en soins aigus, passés de 5,9 jours en moyenne en 2008 à 5,4 jours en 2013, il n’a pas eu d’effet sur la qualité des soins. C’était pourtant là un des objectifs assignés à la réforme, tout comme le renforcement de la concurrence des prix et une plus grande transparence dans le calcul des coûts. Fort de ces constats, Stefan Meierhans, que ses concitoyens surnomment « Monsieur Prix », recommande d’améliorer l’évaluation de la qualité des soins d’une part, notamment en obligeant tous les hôpitaux et cabinets médicaux à y participer, et le rapport prix-prestations d’autre part. Et de pointer « la densité d’hôpitaux : on a plus de 150 cliniques de soins aigus en Suisse », souligne-t-il, ce qui induit que « des opérations compliquées » soient réalisées « en nombre rela?tivement limité » alors qu’« une grande quantité d’opérations du même genre augmente la qualité », ce qui plaiderait pour « une structure plus concentrée dans notre pays »(3).

1- « Qualité des soins et niveau des coûts des hôpitaux suisses en comparaison internationale », 25 août 2016, 15 pages.

2- L’OCDE compte 35 États membres sur quatre continents, à l’exception de l’Afrique et de l’Antarctique.

3- Toutes les citations de Stefan Meierhans sont tirées d’une interview diffusée le 26 août sur RTS.