Réduire l’inconfort des patients, tel est l’objectif d’un projet des Hôpitaux de Chartres, présenté au congrès de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar), en septembre.
Nous connaissons tous les recommandations : moduler le niveau des alarmes, régler la lumière selon une alternance jour-nuit… Mais il faut aller au-delà. » À savoir lutter systématiquement contre les sources d’inconfort pour les patients en réanimation que sont le bruit, la soif, le froid ou encore la lumière excessive. Tel est l’objet du projet Iprea3, mené en 2014 et 2015 dans les Hôpitaux de Chartres et dont les résultats ont été présentés par le Dr Pierre Kalfon, chef du service de réanimation polyvalente, lors du congrès de la Sfar. Un programme en quatre temps : mesure de l’inconfort, mise en place de mesures de réduction, évaluation des résultats, réajustement.
Les équipes ont commencé par distribuer aux patients (5 409 en tout) des questionnaires portant sur les 16 sources d’inconfort les plus fréquentes. Selon eux, le principal désagrément est le manque de sommeil (35/100), suivi de la soif (32) et du bruit (27). Les responsables du programme se sont ensuite interrogés sur le meilleur moyen de prévenir ces inconforts. « On a pensé à établir une charte reprenant des engagements de bon sens, comme demander aux patients une fois par jour s’ils ont soif, raconte le Dr Kalfon. Mais l’évaluation a montré que cela ne changeait rien. » La solution retenue : un programme multiple, s’attaquant à toutes les sources d’inconfort à la fois, mais reposant sur des mesures ciblées. « Dans les deux tiers des cas, les causes de l’interruption du sommeil ne sont pas identifiables, mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire ! L’étude a montré que les bouchons d’oreilles diminuaient notablement la confusion du patient. »
Dans le cadre d’Iprea3, les services étaient conviés à des réunions mensuelles pour comparer leurs résultats. Un bon moyen d’entretenir la motivation et d’aller à la pêche aux idées. Ainsi, un hôpital a décidé de promouvoir la modulation du volume de la voix, un autre de placarder des affiches appelant au silence. Et les résultats ont suivi : le score global d’inconfort a drastiquement baissé à Chartres. Sur une échelle de 4, la soif a diminué de 1,25, la dyspnée de 1,22, le manque d’intimité de 1,13, le bruit de 0,73, le froid de 0,73 et la lumière de 0,71. Le seul inconfort qui résiste aux efforts des équipes : la douleur. « Prévenir l’inconfort est une exigence morale. En améliorant la qualité de vie des patients et donc la relation avec leurs proches, cela améliore aussi le travail des soignants, conclut le Dr Kalfon. Enfin, c’est un vrai projet de service, qui favorise la cohésion des équipes. »