La vague de suicides qui a frappé l’hôpital cet été n’a sans doute par surpris les directeurs. Interrogés en mai, ils anticipaient une dégradation rapide du climat social, selon le premier baromètre des ressources humaines (RH) publié par la FHF.
Faire entendre la voix des professionnels des RH, objectiver leurs besoins voire leurs difficultés dans la période de réforme profonde que connaît l’hôpital, et les faire entendre. » Tel est l’objectif d’une enquête commandée par la Fédération hospitalière de France (FHF) au cabinet Obéa, rendue publique le 3 octobre. 274 chefs d’établissements, directeurs des ressources humaines et directeurs des affaires médicales y ont répondu. Seule bonne nouvelle : plus de 80 % d’entre eux estiment que le climat social dans leur établissement est bon. Mais 52 % anticipent une dégradation dans les mois à venir. Et pour cause : 80 % des directeurs se mobilisent en priorité sur la maîtrise de la masse salariale. Parmi leurs principaux sujets de préoccupation, viennent ensuite l’optimisation des organisations de travail (48 %) ou l’absentéisme (39 %). Loin derrière arrivent le dialogue social (32 %), la prévention des risques psychosociaux (20 %), les conditions de travail (18 %) ou la gestion des secondes parties de carrières (3 %). Pour 74 % d’entre eux, le principal enjeu de la fonction RH est de « maîtriser/réduire les coûts ». Ils sont en effet submergés par « les contraintes économiques et budgétaires », qui incitent 92 % d’entre eux à faire évoluer leurs pratiques.
Quelles méthodes emploient ces directeurs pour dégager des marges de manœuvre budgétaires ? 28 % ont déjà renégocié le protocole RTT et 16 % sont en train de le faire. 64 % ont mis en place des organisations en 12 heures. Mais ces méthodes ne leur paraissent pas totalement convaincantes : 36 % des directeurs estiment que les conditions d’exercice du personnel non médical se dégradent. 44 % considèrent même que la part de leur personnel en situation de précarité sociale augmente. 84 % d’entres eux ont donc entamé une évaluation des facteurs de risques psychosociaux sur leur établissement. Et ceux qui ne s’en sont pas encore occupés comptent le faire prochainement. Les risques psychosociaux sont même « un risque potentiel sérieux » pour 31 % des directeurs, et « une réalité » à laquelle doivent faire face 24 % d’entre eux.
Petite touche d’optimisme : les directeurs dressent le portrait de professionnels toujours largement attachés aux valeurs du service public (80 %) et à leur métier (97 %). Mais ils regrettent (75 %) de ne pas disposer de moyens adaptés pour reconnaître leur engagement et répondre à leurs attentes en termes de rémunération ou d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.