“Je n’aime pas être cantonnée à un service ; je voulais aller partout dans le CHU ! Et aussi revenir à la base du soin : pour moi, l’hygiène est fondamentale”
Le goût pour l’hygiène hospitalière est entré très tôt dans la vie professionnelle de Marion Benouachkou. En 2000, son diplôme en poche, elle commence sa carrière comme infirmière de nuit au service de neurologie du CHU de Dijon. « Une nuit, en 2003, des infirmières hygiénistes sont venues nous parler d’un grand changement : l’introduction des solutions hydroalcooliques. J’ai trouvé la démarche de venir à notre rencontre très intéressante, car la nuit, on est un peu isolées. Ça m’a donné envie de devenir correspondante en hygiène, c’est-à-dire le relais de l’équipe opérationnelle en hygiène hospitalière (EOH) dans le service », raconte-t-elle. Pour cela, elle suit deux jours de formation. « C’était un luxe, car aujourd’hui, du fait du manque de personnel, les formations sont souvent condensées… » Elles sont pourtant plébiscitées pour conforter ses connaissances en rappelant les précautions standard et complémentaires apprises à l’Ifsi. « Souvent, ce n’est pas ce qu’on retient le mieux, car on est alors plus intéressé par la technique. On apprend aussi où trouver les protocoles et qui sont nos interlocuteurs au sein du service d’hygiène. »
→ Un chemin de croix ? Ce rôle de correspondante lui plaît tellement, qu’en 2007, elle va voir la cadre en hygiène pour lui faire part de son intérêt pour cette spécialité. « Je n’aime pas être cantonnée à un service ; je voulais aller partout dans le CHU ! Et aussi revenir à la base du soin : pour moi, l’hygiène est fondamentale. J’étais aussi attirée par la communication et j’avais envie de voir comment les autres travaillent. Le moins qu’on puisse dire est que la cadre ne m’a pas encouragée. Elle m’a prévenue : “L’hygiène, c’est un chemin de croix.” C’est vrai que c’est difficile, car les autres soignants ne savent pas toujours ce que vous faites et que, parfois, on passe un peu pour des flics… » Mais il en faut plus pour décourager Marion. Et quand deux ans plus tard un poste vacant s’offre à elle, elle l’obtient.
→ Dans la globalité du soin. Elle entre dans le service en février 2009 et commençe en septembre un diplôme universitaire d’hygiène hospitalière. Elle suit des cours une semaine par mois pendant un an, en parallèle de son travail. Une formation indispensable où elle acquiert des notions d’épidémiologie, de bactériologie. Le cursus comporte des modules sur le risque infectieux lié à l’air, à l’eau, la gestion des risques, et même les statistiques, utiles par exemple pour calculer des pourcentages de conformité lors d’un audit. « Avant, j’étais purement dans le soin technique. Mais aujourd’hui, je considère que je n’ai jamais été autant dans le soin car nous collaborons avec d’autres transversaux sur le choix du matériel, l’écriture des protocoles, la surveillance, la traçabilité… Je suis dans la globalité du soin. » Et si, au début, le contact avec les patients lui a manqué, maintenant, « je me dis que je veille sur eux dans l’ombre. »
→ Chambre des erreurs. « Nous avons des satisfactions, quand une épidémie s’arrête, quand des équipes nous remercient. Je remarque d’ailleurs qu’elles sont de plus en plus demandeuses de collaboration, malgré les difficultés, ce qui est gratifiant. » Marion connaît aussi des déceptions, par exemple quand elle n’arrive pas à travailler avec un service. « Mais un échec n’est pas forcément une fatalité : parfois, il faut savoir se retirer pour revenir plus tard. » Aujourd’hui, elle estime qu’elle est loin d’avoir fait le tour du métier et se forme régulièrement, par exemple sur la simulation. « Il y a énormément de choses à développer dans ce domaine, comme les chambres des erreurs ou les serious games, très efficaces pour former le personnel à l’hygiène. C’est pourquoi je ne ressens pas encore le besoin d’aller voir ailleurs. » La suite de sa carrière ? De nombreuses possibilités s’offrent à elle : travailler dans un plus petit hôpital, dans un établissement médico-social, s’intéresser à la qualité, à la gestion des risques… « Une chose est sûre : je ne retournerai pas dans les services. Je suis passionnée par ce que je fais. »
2000 : DE infirmière à l’Ifsi de Dole (39). Débute comme IDE de nuit au CHU de Dijon (21).
2003 : devient correspondante en hygiène, c’est-à-dire le relais de l’EOH dans le service.
2007 : informe sa cadre de son projet de devenir hygiéniste.
Février 2009 : intègre le service d’hygiène hospitalière du CHU de Dijon.
Juin 2009 : DU d’hygiène hospitalière à l’université de Besançon (25).