RELATION DE SOIN
SUR LE TERRAIN
MON QUOTIDIEN
Quelle est la juste distance dans la relation de soin ? Si le vouvoiement est d’usage, peut-on tutoyer un patient ? « Aucun texte officiel n’aborde la question du tutoiement/ vouvoiement dans le domaine de la relation soignant/soigné, note le comité d’éthique de l’hôpital Esquirol
→ Le vouvoiement est de rigueur, mais on peut céder au tutoiement s’il peut être un atout dans la relation de soin.
→ Toute demande de tutoiement ou d’utilisation de son prénom formulée par le patient doit être discutée et réfléchie en équipe.
→ Ne jamais utiliser de langage familier pour s’adresser au patient.
→ Si le code de déontologie infirmier ne parle pas de tutoiement/vouvoiement, il évoque néanmoins le respect : « L’infirmière ne doit jamais se départir d’une attitude correcte et attentive envers la personne prise en charge. » « La règle est de donner des soins consciencieux, explique Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI et infirmier cadre de santé en pédiatrie. Le choix du pronom ne doit pas se faire selon le soignant, mais bien selon le patient. »
→ Dans les structures d’hébergement et d’accueil de personnes âgées, si le tutoiement est relevé, il s’installe souvent dans les situations singulières : l’aide à la vie quotidienne, la toilette, ou selon le patient, comme ceux ayant des troubles cognitifs évolués. Dès que la situation entraîne une posture infantile ou maternante et une dépendance importante, le vouvoiement peut céder facilement le pas au tutoiement.
→ En tutoyant le soignant plus jeune que lui, le patient l’absorbe dans une relation de proximité qui tend à le rassurer. Mais cette sorte de filiation informelle peut créer un schéma de réciprocité qui renvoie le soignant à sa propre vulnérabilité. Ainsi, si le patient demande explicitement qu’on le tutoie ou qu’on l’appelle par son prénom, il est nécessaire d’y réfléchir en équipe, afin de trouver la réponse la plus adaptée à la prise en soin. Et pour éviter tout glissement de langage familier.
→ Après une étude menée au CH de Cadillac (33), les soignants ont observé que la durée de séjour avait une influence majeure sur le choix du pronom ; les patients en services de longue durée ont plus souvent tendance à tutoyer et à demander à l’être que ceux accueillis ponctuellement.
→ L’utilisation du pronom est liée à la notion d’empathie. Quatre « types-idéaux » de pratiques soignantes ont été définis ; ils correspondent aux affects ressentis envers les patients : maltraitant (usage du « tu » ou du « vous » sans discernement, mépris du patient, image dévalorisante de la maladie mentale) ; fusionnel (un « tu » fraternel, le soignant a de la considération pour le patient mais ne mesure pas les effets de la pathologie) ; distant (utilisation du « vous », le soignant maintient le patient à distance et perd de vue la personne en souffrance) ; empathique (le soignant utilise le « vous » mais se sert du « tu » s’il peut être un atout, un choix conscient et étayé sur la théorie et l’expérience).
→ Ainsi, l’utilisation du pronom en psychiatrie dépend du type de relation et n’obéit pas nécessairement à des objectifs thérapeutiques.