Maillons essentiels - L'Infirmière Magazine n° 378 du 01/01/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 378 du 01/01/2017

 

CADRES DE SANTÉ

DOSSIER

A. V.  

Rôle clé d’interface RH, la mission des cadres ne se limite au seul management opérationnel. Les CH de Saint-Lô et de Coutances sont à l’initiative d’une démarche novatrice en la matière.

Quand un cadre est en difficulté, cela entraîne une perte de sens qui peut avoir comme corollaire une progression de l’absentéisme. Ce que nous voulions, c’est créer les conditions du bien vivre ensemble des équipes. » Rémi Delekta, DRH et Dominique Ansould, directrice des soins, sont à l’initiative d’une démarche très novatrice à l’attention des managers, soignants ou non. Distants de 30 km, les CH de Saint-Lô et de Coutances, qui partagent une direction et un projet d’établissement communs, représentent un total d’un millier de lits, emploient 350 IDE et autant d’aides-soignantes. Fin 2013, un plan de retour à l’équilibre était programmé. Il risquait de déstabiliser les cadres dans ces deux établissements marqués par une faible mobilité des professionnels. C’est l’une des raisons qui pousse alors le binôme DRH-DS à organiser des séminaires destinés aux managers. Dès janvier 2016, Manage up’, un groupe d’une dizaine de cadres volontaires, se constitue. Leur mission : proposer des formations managériales (75 cadres en ont bénéficié en 2016), préparer des journées de l’encadrement (3 rendez-vous annuels destinés aux 110 cadres) et monter des projets innovants. Ces actions représentent un budget de 30 000 € financés sur les enveloppes du plan de formation.

Des évènements désirables

Parmi les outils créés figurent les fiches d’évènements désirables. Au-delà du clin d’œil à la procédure qualité et la psychose parfois générée par la traçabilité des problèmes, il s’agit de faire remonter les événements positifs, d’en assurer un suivi et de les tracer. « Nous allons mettre en place un trophée pour récompenser les initiatives, petites ou grandes, originales, intéressantes et surtout transférables, avec à la clé 500 € de chèques cadeaux », précise Rémi Delekta. Des grilles d’évaluation collective sont aussi proposées dans les services : « Le but est de permettre un temps d’échange, de retour sur l’année écoulée en pointant les points forts et de fédérer les équipes autour d’objectifs à atteindre l’année qui suit », explique la directrice de soins. Pour Delphine Mariette, cadre de secteur Ehpad-USLD du CH de Saint-Lô, la grille d’évaluation collective « permet de revaloriser l’équipe ». Membre de Manage up’, elle estime que la série d’actions vise à « faire du management bien traitant, c’est-à-dire qui contribue à apporter une forme de satisfaction au travail ».

Vis mon job

Autre projets développés : la valise RH du manager qui permet aux cadres débutants d’accéder à tous les protocoles et outils RH concentrés sur une seule feuille A4. Ou encore les journées « Vis mon job » : un manager va suivre un autre le temps d’une journée et vice-versa. « J’ai passé une journée avec le directeur de l’hôpital et il a passé une journée avec moi. Ce fut une journée menée à un train d’enfer ! Derrière la fonction, j’ai vu le côté humain de la personne. On pense souvent que le directeur n’a en tête que des priorités budgétaires, qu’il ne connaît pas nos problématiques, mais ce n’est pas aussi simple, il est soumis à de nombreuses injonctions », raconte Delphine Mariette.

Les impacts de cette panoplie d’actions sur le management des cadres s’est traduite par une légère baisse du taux d’absentéisme (inférieur à 6 %) et un taux de satisfaction de la performance managériale particulièrement satisfaisant (75 %). « La démarche a surtout permis, je l’espère, de redonner du sens à nos cadres et à l’ensemble des professionnels », confie Rémi Delekta.

DIRECTEUR DE SOINS

Un rôle pivot

L’expérience de Saint-Lô et Coutances révèle combien le binôme DRH-directeur des soins (DS) est capital pour un bon fonctionnement de la GRH. « Nous sommes responsables des soins paramédicaux au sein de l’hôpital et, à ce titre, nous avons une responsabilité pour tout ce qui touche à la qualité de vie au travail, aux effectifs des unités de soins, aux conditions de travail, à la formation ou encore à la GPEC », souligne Stéphane Michaud, président de l’Association française des directeurs de soins (AFDS). Brigitte Zimmermann, secrétaire nationale du Syncass-CFDT, craint, elle, que les DS soient de moins en moins en prise avec les réalités de terrain : « Issus de la clinique paramédicale, les DS sont, au sein de l’équipe de direction, les rares à avoir cet ancrage clinique. Mais avec les dernières réformes, cet ancrage a tendance à s’amoindrir. » Une évolution qui expliquerait peut-être le sentiment de déconnexion des RH qu’éprouvent de nombreux agents ?