Dix-sept janvier. Trop tôt pour espérer un affaiblissement de l’épidémie de grippe : 192 établissements de santé « sous tension », 52 décès depuis le 1er novembre, coût estimé à 900 millions d’euros pour cet hiver… Depuis la rentrée 2017, la grippe est au cœur d’une tempête médiatique. Une tempête qui s’est déchaînée avec les propos de Benoît Vallet, directeur général de la santé, qui suggère de rendre obligatoire le vaccin contre la grippe pour les professionnels de santé. Des propos qui, à peine lancés, ont suscité l’indignation. Celle du public, stupéfait d’apprendre que seuls 20 % des soignants sont vaccinés. Mais aussi celle des professionnels, indignés qu’on puisse leur imposer le vaccin. Un débat houleux qui a finalement pris le pas sur les vrais enjeux : il ne s’agit plus tant de comprendre comment une épidémie de grippe a failli mettre à genoux notre système de santé, mais de questionner sur l’obligation vaccinale. Twitter soupire déjà : « Ah bah, l’épidémie de grippe, ça sera bientôt la faute des soignants. » Pourtant, la question elle-même divise les soignants : « Je le fais par principe. Si je peux éviter à mon patient, déjà très affaibli, de souffrir moins, je suis dans la bientraitance. » vs « Je refuse qu’on m’impose un vaccin qui va à l’encontre de mon libre-arbitre. »
Et si, à l’aube de cette nouvelle année, présidentielle de surcroît, on faisait les bons choix ? Comme cesser les discours culpabilisants. Repenser un système de santé, synonyme aujourd’hui de coupes budgétaires, de manque de lits et d’effectifs… Permettre à chaque soignant de faire un choix éclairé. Inciter au lieu de contraindre. Et, tant qu’on y est, si l’on souhaite que les IDE participent à la couverture vaccinale, pourquoi ne pas commencer par les autoriser à vacciner ?