Depuis le 8 décembre, un piano droit trône dans le hall des consultations du centre hospitalier de la Timone, à Marseille. Un instrument en libre-service pour mettre une touche de gaieté à l’hôpital.
Pourquoi ne pas faire comme dans les gares où des pianos sont en accès libre ? ». Cette question, Julia Javelaud, manipulatrice du service de radiologie de l’hôpital de la Timone (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille), la pose en 2014 à son collègue, Robert Valette, cadre de santé. Une proposition qui séduit rapidement le chef de service et toute la direction de l’établissement. Car si dans les gares, les pianos permettent de passer agréablement le temps à attendre son train, un piano à l’hôpital permettrait, lui aussi, d’égayer le quotidien et d’apaiser les esprits lors de visites médicales parfois anxiogènes.
« J’ai appris la musique à Briançon, d’où je suis originaire, explique Julia Javelaud. Quand j’étais jeune, nous allions une fois par an nous produire à l’hôpital. À Marseille, il m’est arrivé d’aller jouer de l’accordéon dans les chambres des patients sur mon temps libre. Je sais que la musique peut créer de l’émotion et de la joie. Ainsi, quand nous avons déménagé dans le nouveau bâtiment de la Timone, j’ai pensé à faire installer un piano dans le grand hall. » Depuis début décembre, les patients et les soignants se sont pris au jeu et le piano est convoité. « Avec mon équipe, nous faisons parfois nos pauses autour du piano… On y échange aussi avec les patients », raconte-t-elle. Dans le hall, les patients sont étonnés par la présence de l’instrument qui vient briser l’attente et fait naître des sourires.
C’est Julia Javelaud qui s’est occupée du choix du piano chez un revendeur marseillais qui s’est engagé à entretenir et accorder le piano deux fois par an. Elle a opté pour un Colmann droit, de couleur noire pour faciliter son entretien ; son maintien au sol est assuré par des parpaings dans cet endroit très fréquenté afin d’éviter tout vol ou dégradation. Un siège fixe sera installé dans les prochaines semaines, pour les musiciens amateurs et professionnels invités à jouer de l’instrument. L’AP-HM ne pouvant financer seul ce projet, la mutuelle ViaSanté a pris en charge l’achat pour un montant d’environ 3 000 €.
Son inauguration début décembre a été assurée par l’Opéra de Marseille. Devant les patients et le personnel de l’hôpital, les choristes ont entonné des chants de Noël, accompagnés au piano par la concertiste Fabienne Di Landro. « Depuis son installation, patients et soignants en jouent tous les jours, s’enthousiasme Robert Valette. Cela leur permet de s’évader du quotidien. Je félicite l’opiniâtreté de nos soignants qui portent de tels projets culturels malgré des procédures parfois lourdes. »
L’installation du piano s’inscrit dans une démarche plus large de l’AP-HM d’ouverture vers l’extérieur et vers la culture. C’est d’ailleurs dans cet esprit que le musée Cantini de Marseille y expose en ce moment, dans les couloirs de la Timone, des reproductions des œuvres de sa dernière exposition « Rêve ». D’autres partenariats avec des associations ou structures culturelles sont d’ores et déjà prévues. Le service de communication de l’AP-HM prépare également une programmation musicale autour du piano pour l’année 2017.
D’autres établissements de soins ont également misé sur les bienfaits de la musique - et plus particulièrement du piano - pour leurs patients. Depuis 2011, l’institut Gustave Roussy à Villejuif (92) propose un piano à queue, reçu en legs, sur le plateau des consultations. En 2016, un deuxième piano à queue, offert par un pianiste, a été installé sur le site de Chevilly-Larue, et est géré par l’association Piano à l’hôpital. « Nous organisons des concerts deux à trois fois par mois, ouverts à tous. Ces pianos créent des échanges forts », se réjouit Jean-Louis Soyer, président de l’association et ancien directeur du conservatoire de Villejuif. Au CHR Metz-Thionville (57), un piano a également été installé en libre-service.