« C’est une fille de métallo, simple, courageuse, intelligente, tout le monde la connaît, tout le monde l’aime. » Ce portrait élogieux sorti de la bouche de l’inquiétant Philippe Berthier (André Dussolier) est glaçant. Cadre du Bloc patriotique, parti d’extrême droite, ce dernier est chargé du « casting » de la candidate aux élections municipales d’une commune du bassin minier, près de Lens (62). Tel un prédateur, il jette ses filets sur Pauline (Émilie Dequenne) cette jeune et jolie infirmière libérale - dont il est le médecin de famille, ce n’est pas innocent - qui élève seule ses enfants, soigne, réconforte à longueur de journée. Elle est novice en politique, mais finit par dire oui parce qu’elle veut « que cela change », accepte les contraintes d’un rôle qui lui donne de l’importance, rechigne quand même un peu quand on la teint en blonde. Elle se révèlera une candidate moins idéale que prévu lorsqu’elle nouera une relation avec un homme dont elle ignore qu’il participe la nuit à des ratonades.
Ce long métrage de Lucas Belvaux lève le voile sur la mécanique et les méthodes manipulatoires d’un parti qui veut se dédiaboliser, mais qui garde des liens ténus avec une extrême droite fasciste qu’il recycle. Toute ressemblance avec le Front national est évidente… Le propos est bien de susciter la réflexion auprès du grand public, à quelques mois des présidentielles. Un film engagé, documenté et plutôt réussi auquel la géographie du pays minier ajoute de la force.
Chez nous, en salles le 22 février