L'infirmière Magazine n° 380 du 01/03/2017

 

PARCOURS DE SOINS DES AÎNÉS

ACTUALITÉS

FOCUS

SANDRA MIGNOT  

État des lieux(1) à mi-parcours des Paerpa, un dispositif d’actions de coordination des soins autour de la personne âgée. Bilan mitigé pour l’hôpital.

Avec près de 550 000 patients de plus de 75 ans couverts, le programme Paerpa (parcours des personnes âgées en risque de perte d’autonomie) monte en charge. Lancé en 2015 et prolongé jusqu’en 2018, ce dispositif est désormais présent sur un territoire pilote dans chacune des 16 régions françaises.

Parmi les indicateurs de leur développement, l’Anap(2) cite, par exemple, 4 700 plans personnalisés de santé (PPS) à fin décembre 2016. Les recours aux neuf coordinations territoriales d’appui (CTA), l’un des piliers du dispositif, vont également croissant avec près de 40 000 appels reçus au 3e trimestre 2016, contre 11 700 au 3e trimestre 2015, concernant principalement des demandes d’information et d’orientation. Mais on observe une forte augmentation des demandes émanant de professionnels de santé libéraux pour un appui au PPS ou l’activation d’aides sociales.

Une infirmière parcours

Concrètement, les CTA mettent en œuvre différentes actions d’accompagnement. En Mayenne, par exemple, elle peut mobiliser une équipe d’appui en adaptation et réadaptation, un dispositif de coordination en aval de l’hospitalisation, un protocole de sorties complexes, une évaluation gériatrique à domicile… « Nous avons également pu mettre en place une infirmière parcours, salariée de l’hôpital, qui fait le lien entre tous les intervenants de soin », note Pascal Gendry, médecin généraliste au Pôle santé du sud-ouest mayennais. Ailleurs, la CTA procurera une aide à l’élaboration des PPS, une veille sociale pour les patients très isolés, un suivi intensif des situations complexes, l’organisation d’un hébergement temporaire en chambre relais, des actions de prévention individuelle.

Services gériatriques isolés

En ce qui concerne l’implication de l’hôpital, le bilan demeure mitigé. Certes, le recours aux équipes mobiles de gériatrie se développe. Quelque 500 interventions ont été réalisées à domicile et en Ehpad au 3e trimestre 2016, contre une cinquantaine au 3e trimestre 2015, pour 1 000 sollicitations environ. Et dans le Valenciennois-Quercitain (Nord), « les médecins traitants se sentiraient plus facilement sollicités par les équipes des services d’urgence en cas d’admission d’un patient », observe Marie-Marguerite Defebvre, chef de projet Paerpa à l’ARS Hauts-de-France. Pourtant, Sébastien Gand, maître de conférence à Sciences Po Grenoble, a, lui, constaté « l’isolement des services de gériatrie dans le développement du Paerpa » et la difficulté à impliquer plus largement les services hospitaliers (hors urgences). Un constat confirmé par Pascal Chauvet, infirmier libéral et membre du Copil national de Paerpa, qui a évoqué quelques pistes à développer pour améliorer le lien ville-hôpital : travailler sur des admissions directes sans passage aux urgences, identifier les retours à domicile par une personne ressource et les organiser le plus en amont possible avec la CTA ; initier et/ou réevaluer les PPS.

1- État des lieux dressé à l’occasion du colloque Parcours santé des aînés : les leviers de la réussite, organisé à Paris le 20 janvier par l’École des hautes études en santé publique.

2- Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux.

REPÈRES

→ Chaque Paerpa repose sur trois piliers : une coordination clinique de proximité autour du patient associant médecin traitant, Idel (ou infirmier coordinateur de soin à domicile) et pharmacien ; une coordination territoriale d’appui aux professionnels et aux familles ; une gestion des transitions ville-hôpital-Ehpad.

→ Le plan personnalisé de santé est élaboré à plusieurs (IDE, kiné, aidant…) sous la responsabilité du médecin traitant.

Voir le mode d’emploi élaboré par la HAS : bit.ly/1mzQCCS