L’AROMATHÉRAPIE, UNE SOLUTION ? - L'Infirmière Magazine n° 381 du 01/04/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 381 du 01/04/2017

 

PLAIES MALODORANTES

ACTUALITÉS

COLLOQUES

Valérie Hedef  

L’utilisation de l’aromathérapie peut-elle être pertinente face aux ressentis d’odeurs désagréables, notamment en services de grands brûlés ? Une équipe soignante toulousaine devrait conduire une étude pilote pour le vérifier.

Les plaies malodorantes sont une réalité dans de nombreux services hospitaliers, notamment dans ceux des grands brûlés, services clos dans lesquels les odeurs – caractéristiques – sont en lien avec la carbonisation des tissus, et le processus exsudatif et infectieux. Si cette question peut paraître secondaire en regard du pronostic vital parfois engagé, il n’en reste pas moins qu’elle perturbe l’image corporelle et l’estime de soi des patients. De même, ces effluves nauséabondes ne sont pas sans gêne pour les proches et elles ont un impact sur la qualité de vie au travail des soignants. Une pré-enquête menée, en juin 2016, dans le service des grands brûlés du CHU de Toulouse (CH Rangueil) auprès de ces trois cibles a d’ailleurs confirmé les ressentis négatifs et désagréables : « Cela sent la putréfaction » ; « Ce sont les odeurs qui me reviennent en premier, je m’en rappelle encore 10 ans après… »

Mélange d’essences

Au vu de ces premiers résultats, « nous nous sommes interrogés sur nos pratiques », a expliqué Marie-Pierre Plaza, cadre de santé du service, à l’occasion d’une réunion(1) du Réseau des représentants des usagers et des professionnels de santé de la région Occitanie qui s’est tenue le 10 mars dernier. Fort du constat du peu d’efficacité des actions employées jusque-là(2) et après avoir effectué une recherche bibliographique sur l’utilisation des huiles essentielles dans le domaine des plaies et/ou odeurs, l’équipe soignante a décidé de conduire une étude pilote(3) pour vérifier si la diffusion de certaines de ces huiles, en l’occurrence un mélange d’essences de zeste de citron, de pin sylvestre et d’eucalyptus radié, pouvait être une option intéressante afin d’améliorer d’abord le confort olfactif du patient, puis secondairement celui de ses visiteurs ainsi que celui du personnel soignant. Baptisé « Arrod » – Aromathérapie : réponse aux ressentis d’odeurs désagréables –, ce projet interdisciplinaire a été présenté fin janvier lors de la dernière journée scientifique soignante du CHU de Toulouse et a reçu le soutien de la direction de la recherche. Avant de démarrer l’essai clinique, l’équipe doit toutefois encore finaliser son financement et le soumettre pour avis au comité de protection des personnes (CPP). Enfin, si les résultats sont probants, le protocole de diffusion d’huiles essentielles mis au point pourrait être décliné dans d’autres services hospitaliers prenant en charge des patients porteurs de plaies malodorantes.

1- Organisée par l’Arlin Midi-Pyrénées, l’Arlin Languedoc-Roussillon, le Ciss, en partenariat avec l’Assurance maladie Haute-Garonne et l’ARS Occitanie.

2- À savoir détersion et contrôles de l’infection et de l’exsudat. À noter : les pansements au charbon ne sont pas adaptés à la taille de la plupart des plaies des grands brûlés.

3- Non contrôlée, prospective, mono-centrique, panel de 30 patients pendant un an (15 jours pour chacun d’eux).