L’INVITÉ
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Je sors de trois postes de 12 heures dont deux pendant le week-end. Il m’en reste deux cette semaine. Je suis fatigué. Mais il n’y a aucun problème, j’ai signé pour ça : se faire vomir dessus, se casser le dos, se faire insulter par les patients ou décrier par l’équipe du stage… tout ça pour 0,63 € de l’heure (ce qui ne rembourse ni nourriture, ni essence, ni heure supp., ni week-end, ni nuit). Bon, j’exagère, je ne vous donne que les mauvais côtés, mais ce soir, je n’ai pas la langue dans ma poche (heureusement, parce que ça ne serait pas hygiénique). Mais la formation, my god ! L’hôpital s’est fait déshumaniser, c’est trop tard. Le bel hôpital, le bon hôpital est mort, peut-être reviendra-t-il… ou pas. En tous cas, la formation n’aide pas ! À l’Ifsi, il y a les bons et les mauvais formateurs (un peu comme les chasseurs). Ceux épris d’une réelle envie de transmettre des vraies valeurs qu’ils appliquent, comme la gentillesse, tout simplement (c’est important la gentillesse). Puis il y a les autres, ceux qui vous apprennent le respect sans vous dire bonjour, ceux qu’on suspecte (et ce, sans paranoïa) de vous mettre des bâtons (voire des poutres) dans les roues. Ceux qui animent des cours sans intérêt, sans queue ni tête (ni bras, ni jambes). Ceux qui déçoivent par leur manque de soutien, qui se cachent derrière un bureau ou un règlement… Pourquoi avoir des formateurs pour nous apprendre des principes qu’eux-mêmes n’appliquent pas ? Les « cols blancs » se plaisent à nous faire apprendre ceci ou cela (ça fait de super beaux intitulés de cours) sans penser à l’intérêt final…
Et cette organisation : 10 semaines de stage comprenant des dossiers à rendre, des connaissances à engranger, des recherches à faire, des horaires de 35 heures, le boulot étudiant à côté, les partiels qui tombent le lendemain de la fin du stage… ? Et il faut aussi faire remplir son portfolio, courir pour ses bilans, ses objectifs, les envoyer… Bref, c’est pas la joie, et je vois mal qui peut s’épanouir dans un tel environnement.
Attention, on ne fait pas face à une omerta non plus, les formateurs ne sont pas d’abominables méchants personnages totalitaristes. Mais la formation ne dure que trois ans, alors on serre les dents et on avance. Et de temps en temps, il faut des gens comme moi pour pousser une gueulante.
On est aujourd’hui dans un système qui crée des soignants fatigués avant même de travailler (c’est fort hein !), alors ça fait peur. On ne répare pas une fuite en installant une bassine, il faut prendre le problème à la base.