Derrière un titre un brin impertinent, la journaliste Élise Thiébaut explore les dessous des règles de manière à la fois documentée, pédagogique et pleine d’humour. C’est à travers son histoire personnelle, et ses « quarante ans de vie menstruelle » qu’elle nous emmène, au gré de ses jeux de mots, au pays des ourses et des coquelicots, dans toutes les sociétés et à travers les époques, parlant des coutumes anciennes ou toujours en vigueur, et des changements opérés, pas forcément en faveur des femmes… « Parce qu’elles ont leurs règles, parce que les règles font l’objet d’un tabou, les femmes subissent une forme d’oppression qu’aucun homme ne connaîtra jamais. » On y apprend ainsi que « la gifle est le seul rituel de ménarches – les premières règles – qui ait survécu en Occident ». Et que certaines protections hygiéniques contiennent des pesticides… alors qu’en une vie, une femme utilise « entre 12 000 et 15 000 tampons, serviettes et protège-slips ». Ou encore que les cellules souches des règles pourraient bien demain vous sauver la vie… Ce « Bloody Mary menstruel » – dont les Chinois, autrefois, s’abreuvaient, nous rappelle Élise Thiébaut –, serait-il la panacée médicale à venir, voire « l’élixir d’immortalité que les alchimistes ont cherché durant tant d’années ? » Sur un ton tantôt ironique, tantôt blasé, souvent moqueur, cette féministe parvient à « transformer la complainte des “ragnagas” en chant de libération ». La révolution menstruelle serait-elle en marche ?
Ceci est mon sang, Élise Thiébaut, Éd. La Découverte, 16 €