L'infirmière Magazine n° 382 du 01/05/2017

 

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Laure Martin  

En vue des présidentielles, la Fnesi a formulé dix propositions pour l’avenir de la profession. L’une suggère la suppression du concours d’entrée en Ifsi. Avec quelles conséquences ?

Le concours d’entrée en Ifsi est source de précarisation et d’inégalité sociale, soutient Clément Gautier, président de la Fédération nationale des étudiant.e.s en soins infirmiers (Fnesi). Plus les étudiants peuvent passer de concours, plus grande est leur chance d’en réussir un. » Mais sillonner la France n’est pas à la portée de toutes les bourses : les concours engendrent des frais de déplacement et de logement, sans parler des inscriptions… Un modèle « vecteur de sélection sociale » donc.

À la place, la Fnesi propose de s’inspirer du modèle universitaire et d’utiliser la plate-forme gratuite d’admission post-bac (APB) avec une sélection sur dossier. « Les étudiants pourraient ainsi faire des vœux, dont celui des études en soins infirmiers », rapporte Clément Gautier. Mais est-ce la solution ? Le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) n’a pas d’avis tranché. S’il comprend les arguments de la Fnesi, il s’interroge. Certes le concours peut être critiquable, mais par quel modèle le remplacer ? « Quels critères sont envisagés avec APB ?, se demande Martine Sommelette, sa présidente. Comment choisir les étudiants ? Faudrait-il prendre les 100 premières demandes ? »

Un filtre nécessaire

Pour le Cefiec, les épreuves écrites et orales actuelles permettent « d’apprécier les aptitudes du candidat à suivre la formation ». Un argument partagé par l’Ordre national des infirmiers (ONI), qui n’envisage pas la remise en cause du modèle actuel. D’autant que dans cette formation « universitaire professionnalisante », les étudiants doivent réaliser de nombreux stages cliniques obligatoires. « Il n’est pas judicieux d’envoyer en stage, sans filtre, des étudiants qui se sont inscrits en Ifsi sans connaître leur motivation », estime Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI. L’oral du concours permet « d’avoir un échange avec l’étudiant qui a choisi la voie d’un métier difficile » et « d’éviter de le mettre dans des situations complexes, tout comme les formateurs et les patients ».