L’instant est critique. À l’heure où nous bouclons ce numéro, les rumeurs vont bon train sur l’identité du futur ministre de la Santé, celui qui cristallise à lui seul nos espoirs et nos craintes. Car si le bilan du quinquennat de Marisol Touraine nous a au moins appris une chose, c’est que cette fonction demande un talent particulier : une volonté de fer pour faire avancer les débats, un sens de l’écoute dirigé vers tous les acteurs du soin, la juste distance pour prendre les bonnes décisions, une capacité d’adaptation, une bonne connaissance des enjeux du terrain, une équipe solide qui permet, et provoque, la réflexion… Des qualités que la précédente locataire de l’avenue de Ségur n’a pas su – ou peu – démontrer au cours de son mandat. Certes, c’est elle qui a permis la quasi-résorption du déficit de l’Assurance maladie… mais à quel prix ?
Réingénierie des formations, conditions de travail, taux d’abandon durant les cinq premières années d’exercice – 30 % selon le SNPI(1) –, revalorisation salariale… Autant de chantiers qu’il faudra remettre fissa sur le tapis. Si Emmanuel Macron souhaite un médecin à ce poste, le futur élu, bien que raccrochant sa blouse blanche, devra garder sa fonction de soignant. Car au-delà des promesses du futur gouvernement – renforcement de la prévention, décloisonnement de l’hôpital, déverrouillage du financement de l’innovation en matière de santé, doublement des maisons de santé… – sa vraie mission sera de prendre soin de ses ouailles. Ce qu’elles demandent ? Se sentir écoutées, avoir voix au chapitre, être respectées et reconnues. Le verdict tombera dans quelques jours. D’ici là, on reste sur nos gardes et on ne lâche rien.
1- Syndicat national des professionnels infirmiers.