RENCONTRE AVEC
CARRIÈRE
PARCOURS
Il se passe toujours quelque chose quand les patientes se regardent dans la glace. Un moment suspendu, après un long parcours de soin éprouvant. Le sourire est au rendez-vous. « Nous recevons tous les compliments, confie Maëlle Bédo. C’est valorisant, c’est le chirurgien qui a fait la plus grande part, mais c’est nous qui mettons la touche finale à la reconstruction. » Cette infirmière en service d’oncologie chirurgicale assure depuis quatre ans une consultation de dermopigmentation réparatrice à l’Institut de cancérologie de l’Ouest, à Saint-Herblain (44). Elles sont actuellement deux IDE à pratiquer la dermopigmentation, quatre jours par mois.
→ Soins techniques et relationnel. Dès ses études, la soignante bretonne souhaitait travailler en cancérologie, une manière de concilier son goût pour les soins techniques et le relationnel. Dans le temps long de la prise en charge en cancérologie, les occasions d’entrer en relation avec les patients sont plus fréquentes. Ainsi, les femmes dont elle tatoue l’auréole, Maëlle Bédo les a déjà souvent rencontrées soit lors de leur mastectomie, soit au cours de leurs opérations de reconstruction mammaire « Ce sont parfois elles qui me posent la question, pour savoir comment se passe la fin de la reconstruction et je peux aborder le sujet de la dermopigmentation à ce moment. ». Ce soin leur est proposé par le chirurgien sénologue, à la fin de la reconstruction mammaire.
→ Sens artistique. Il y quatre ans, Maëlle Bédo est sollicitée par sa collègue travaillant sur le plateau plaies et cicatrisations et qui est à l’origine de la mise en place de cette consultation. Avec le succès de son initiative, elle a besoin qu’une autre infirmière s’investisse dans la dermopigmentation réparatrice. Elle a repéré son goût pour les travaux manuels exigeant un sens artistique. Maëlle dessine, réalise ses propres bijoux, aime la décoration. Sa collègue lui propose de venir voir comment se passe une séance de tatouage. L’expérience s’avérant concluante, Maëlle Bédo part suivre des cours à Marseille pendant deux jours et achève de se former à l’organisation du travail avec les patientes auprès de sa collègue. Ses prédispositions artistiques font le reste : « Nous apprenons les fondamentaux lors de la formation, mais ensuite, il faut se laisser guider par son instinct. Je suis beaucoup dans l’observation. Cela m’aide pour choisir mes couleurs. Et j’ai aussi appris qu’il fallait prendre son temps lors de la réalisation du tatouage, pour que les pigments imprègnent bien le derme. » Le souci du détail et des finitions apportent la touche de réalisme qui transforme la reconstruction. « Les patientes prennent alors conscience qu’on a reconstruit un sein et pas juste un volume, souligne l’infirmière. Avec cette touche finale, le regard ne se focalise plus sur une cicatrice ou sur un petit bourrelet qui n’est pas beau, mais perçoit une poitrine dans sa globalité. »
→ Face-à-face privilégié. L’infirmière, très attachée au travail en équipe et au soutien mutuel, apprécie de rompre quelques jours par mois le contact avec un quotidien riche, mais parfois éprouvant. Elle se retrouve dans ce qu’elle nomme « mon cocon ». Le soin qu’elle prodigue, capital pour le regard sur soi, est également l’occasion d’un face-à-face privilégié. Comme le rappelle Maëlle Bédo, « il ne s’agit pas que d’une séance de tatouage ; les patientes ont besoin de se confier et je suis là pour les écouter ». Dans une salle de consultation aux allures de salon de beauté, isolée de la salle de bloc et des souvenirs qui peuvent s’y rattacher, la parole et les émotions se libèrent. Les patientes sont en période de transition, avec toutes les interrogations que cela peut comporter. Elles abordent l’après-cancer, la nouvelle vie qu’elles vont retrouver et qui ne sera pas celle d’avant. Il y a la question de la reprise du travail, des proches qui ont déjà tourné la page. Ce rendez-vous et un regard dans le miroir aident à y faire face.
2001-2004 : Ifsi de Vannes (56).
2004-2005 : Intérim en Ehpad, en établissements de soins de longs séjours et consultations en clinique.
2005 : ICO Réné Gauduchau (intérim, puis CDD et enfin CDI).
2013 : Formation à la dermopigmentation répatrice auprès du laboratoire Biotic Phocéa à Marseille.
2013 : Début de la consutlation de dermopigmentation réparatrice.