La pilule contraceptive est la méthode de contraception la plus utilisée en France. Comme tout médicament, elle présente des contre-indications, des précautions d’emploi et des effets indésirables à évaluer au moment de la prescription.
Depuis le 23 juillet 2009(1), les infirmières sont autorisées à renouveler les prescriptions de contraceptifs oraux datant de moins d’un an pour une durée maximale de six mois, non renouvelable, à l’exclusion de ceux « figurant sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la santé ». Cette liste n’étant toujours pas parue, les infirmières peuvent tous les prescrire.
En pratique, le renouvellement d’une prescription de contraceptif oral concerne plus particulièrement les infirmières scolaires, même si toute infirmière peut être amenée à répondre à une demande.
Les contraceptifs oraux agissent sur deux types d’hormones sexuelles féminines : l’œstrogène et/ou la progestérone.
Aussi appelées contraceptifs hormonaux combinés, ces pilules contiennent un œstrogène de synthèse (éthinylestradiol) ou naturel (estradiol) et un progestatif de synthèse (variable) qui bloquent l’ovulation. Ce qui correspond à la plupart des pilules contraceptives proposées aux femmes en l’absence de facteur de risque particulier. Ces pilules sont très fiables, à condition d’être correctement utilisées, et généralement bien tolérées. Le traitement est interrompu pendant la période pendant laquelle surviennent les règles.
→ Selon le type d’œstrogène : les pilules œstroprogestatives contiennent au maximum 35 µg d’éthinyl-estradiol, œstrogène le plus souvent utilisé. Elles sont toutes dites minidosées. Quelques pilules plus récentes contiennent de l’estradiol (Qlaira, Zoely), œstrogène naturellement présent chez la femme.
→ Selon le type de progestatif :
– noréthistérone : progestatif dit « de 1re génération » qui n’est plus commercialisé en France (voir ci-après) ;
– lévonorgestrel, norgestrel, « de 2e génération » ;
– désogestrel, gestodène, norgestimate, « de 3e génération » ;
– les autres progestatifs (drospirénone, acétate de chlormadinone, diénogest), les plus récents, sont parfois dits « de 4e génération ».
→ Selon le mode d’administration :
– les pilules monophasiques : une même quantité d’hormones est administrée tous les jours (exemples : Belanette, Belara, Convuline, Drospibel…) ;
– les pilules biphasiques : deux types de comprimés avec deux dosages différents administrés en fonction de la phase du cycle (Adepal, Pacilia, Seasonique) ;
– les pilules triphasiques : trois types de comprimés avec trois dosages (Daily, Evanecia, Perléane, Tri-Minulet, Trinordiol) ;
– les pilules minidosées multiphasiques : plus de trois dosages.
→ Effets secondaires gênants : ils sont possibles, surtout en début de traitement : petits saignements hors période des règles, nausées, gonflement des seins et parfois aménorrhées ou problèmes de peau. Ces effets disparaissent habituellement avec le temps. En cas de nausées, conseiller de prendre la pilule au milieu d’un repas.
→ Effets secondaires graves : ils sont rares, mais ils imposent d’interrompre le traitement. C’est essentiellement, au niveau vasculaire, l’accident thrombotique veineux (phlébite, embolie pulmonaire) ou artériel (infarctus du myocarde, AVC). Les pilules de 2e génération contenant du lévonorgestrel sont préconisées en première intention. Les pilules de 3e et de 4e génération exposent à un risque accru d’accidents thromboemboliques et ne sont plus remboursées (voir encadré ci-contre).
→ Antécédents personnels ou familiaux d’hypertension artérielle, de diabète, d’excès de cholestérol, de migraine ou de phlébite ;
→ Fumer plus de dix cigarettes par jour après 35 ans.
Il n’y a pas de différence d’efficacité entre les différents types de pilule. Le nombre de grossesses pour 100 femmes prenant une pilule œstroprogestative pendant un an est inférieur à 1 quel que soit le type de pilule, à condition qu’il n’y ait pas d’oubli de prise.
Ces pilules ne contiennent que des progestatifs qui présentent moins de contre-indications que les pilules œstroprogestatives. Elles sont dites microdosées, car elles contiennent une très faible dose d’hormone (Microval, Cerazette et génériques). Elles sont efficaces à condition d’une prise régulière, tous les jours à la même heure, y compris pendant les règles.
→ Irrégularité des saignements, jusqu’à 50 % des femmes sous désogestrel.
→ Acné, modification de l’humeur, humeur dépressive, douleur mammaire, nausées, céphalées, prise de poids, diminution de la libido.
→ Accidents thromboemboliques veineux évolutifs.
→ Antécédent ou présence d’affection hépatique sévère non contrôlée.
→ Certaines tumeurs malignes.
→ Hémorragies génitales inexpliquées.
Ces interactions peuvent entraîner un saignement génital survenant en dehors des règles (métrorragie) et/ou un échec de la contraception. L’association d’une contraception hormonale est déconseillée avec :
• les inducteurs enzymatiques : certains anticonvulsivants comme les barbituriques (Alepsal, Gardenal, etc.), la carbamazépine (Tegretol), la phénytoïne (Di-Hydan, Dilantin…), la primidone (Mysoline), la rifampicine (Rovamycine, Rifadine…) ; la griséofulvine (Grisefuline), le millepertuis… ;
• certains inhibiteurs de protéases du VIH : ritonavir (Norvir), nelfinavir, lopinavir (Kaletra), éfavirenz (Sustiva et génériques) et névirapine (Viramune et génériques) ;
• le modafinil (Modafinil, Modiodal) utilisé dans la prise en charge de narcolepsies.
→ Avant de renouveler, il est recommandé(2) de s’assurer que :
– la prescription date de moins d’un an ;
– la durée de validité de l’ordonnance soit expirée ;
– la totalité des contraceptifs prescrits ait été délivrée.
→ Rédaction de la prescription :
– identification complète : nom, prénom et numéro d’identification ;
– mention « renouvellement infirmier » ;
– durée de ce renouvellement en mois ;
– la date de ce renouvellement.
1- Article L. 4311-1 du code de la santé publique.
2- « Contraception hormonale orale : dispensation en officine », fiche mémo de la Haute Autorité de santé, décembre 2013 (bit.ly/2nADwcM).
1- « Risque thromboembolique veineux attribuable aux contraceptifs oraux combinés (COC) et évolution de leur utilisation », Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), mars 2013 (bit.ly/2mOUTlR).
1- Article D. 5134-7 du code de la santé publique.
2- Protocole national sur l’organisation des soins et des urgences dans les écoles et les établissements publics locaux d’enseignement.
Les différents types de pilules œstroprogestatives sont classées par « générations » selon le ou les progestatifs qu’elles contiennent, l’estrogène étant le même pour toutes. Les progestatifs les plus récents ont été élaborés pour limiter les effets indésirables (gonflement douloureux des seins, nausées, acné…). En fait, cette classification ne préjuge en rien des avantages ou inconvénients d’une « génération » par rapport aux autres. Et aucune étude n’a démontré d’intérêt clinique supplémentaire des pilules de 3e génération sur ces effets indésirables.
Mise en garde
L’année 2013 a été marquée par le tollé sur les pilules de 3e et 4e génération suite au dépôt de la plainte d’une jeune femme lourdement handicapée. La même année, un rapport de l’ANSM(1) évaluait que :
→ sur les 2 529 accidents thromboemboliques veineux attribuables à l’utilisation des pilules estroprogestatives, 1 751 sont imputables aux pilules de 3e et de 4e générations ;
→ sur les 20 décès annuels par embolie pulmonaire attribuables à l’utilisation des pilules estroprogestatives : 6 étaient liés aux pilules de 1re et 2e générations, et 14 aux pilules de 3e et 4e générations.
Afin de limiter le risque d’accidents thromboemboliques veineuxet de décès associés, l’ANSM recommandait de n’utiliser les pilules de 3e et 4e générations qu’en seconde intention après avoir pris en compte les facteurs de risque avant toute prescription.
Faut-il prendre des précautions avant de renouveler une pilule contraceptive ?
Avant la prescription d’une pilule, il y a toujours une consultation infirmière. Cet acte infirmier fait partie de notre mission, et notre responsabilité est engagée. La demande d’un renouvellement peut être faite quelques mois après la première prescription. Il faut rechercher d’éventuels effets indésirables en lien avec la prise d’un nouveau traitement ou la survenue d’une maladie. Nous avons bénéficié d’une journée de formation avec des gynécologues, des sages-femmes ou des intervenants du planning familial pour renouveler ce type de prescriptions.
Qu’en est-il de la contraception d’urgence ?
Les infirmières scolaires sont autorisées à la donner afin d’éviter une grossesse non désirée(1). Notre responsabilité est couverte à condition de suivre un protocole qui définit les modalités des soins d’urgences dans les établissements scolaires(2). Notre protocole prévoit qu’un dialogue soit engagé avec l’élève pour la mettre en confiance et lui faire préciser sa demande et sa situation. Il prévoit également des conditions spécifiques pour les élèves mineures ou majeures, des modalités de traçabilité de cet acte, un suivi et un accompagnement de l’adolescente.