L'infirmière Magazine n° 384 du 01/07/2017

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

F. V.  

“Des formations spécifiques nous permettent de faire face aux situations d’urgence – trachéotomies, exsufflations et intubations – dans des environnements extrêmement différents et difficiles”

Après un bac sanitaire et social et une première année universitaire de psychologie, Stéphanie B. signe son engagement dans l’armée de terre – six mois plutôt son frère a fait de même –, direction Saint-Maixent, dans les Deux-Sèvres, pour l’École nationale des sous-officiers d’active (Ensoa). Au sortir de huit mois de préparation militaire, qui permet, outre un entraînement physique intensif, de se familiariser avec l’institution, la jeune femme passe le concours de l’École du personnel paramédical des armées (Eppa) et prend en 2001 ses quartiers à Toulon (Var) pour trois ans de formation initiale. Diplôme d’État dans la poche du treillis, elle rejoint sa première affectation au sein du 40e régiment d’artillerie basé à Suippes, dans la Marne. S’ensuivra le 2e régiment de dragons, près de Saumur en Maine-et-Loire, spécialisé dans la lutte contre les armes nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC), l’infirmière profite de l’opportunité pour se former à ces risques qui peuvent mettre en jeu la vie des militaires et des civils. Une compétence qui lui permettra de participer à des manœuvres militaires internationales au Canada ou encore en Slovénie. Mais l’envie de partir en « Opex » – opération extérieure – demeure plus que jamais chevillée au corps de l’infirmière.

→ De l’Afghanistan au Kosovo. « Partir en Opex, c’est un peu la raison d’être des infirmiers militaires. Et puis c’est aussi une occasion unique de découvrir d’autres cultures et des endroits incroyables. Bref de s’enrichir », indique-t-elle. Djibouti, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française seront ses premières missions de courtes durées, les MCD dans le jargon. Formée un peu plus tard au secours au combat, Stéphanie B. rejoint enfin des théâtres de conflits, dans lesquels l’armée française est engagée, au plus près des soldats. « Dans cette configuration, on est une petite équipe : entre le médecin, les brancardiers-secouristes et les infirmiers, on est pas plus de cinq. Sur le terrain, les liens entre nous sont très forts. On sait, qu’à tout moment, on peut compter les uns sur les autres. On connaît nos points faibles et nos points forts puisqu’avant le départ nous avons deux mois de préparation ensemble », indique l’infirmière. Son baptême du soin au feu, Stéphanie B. l’a vécu en Afghanistan, avant de participer à des missions au Kosovo et au Mali.

→ L’armée, un esprit. Des épisodes durant lesquels elle a eu à prendre en charge des militaires blessés, parfois gravement. « Sur le terrain, il faut être à l’aise avec sa pratique, même si on est jamais seule. Par ailleurs, nous avons des formations spécifiques qui nous permettent de faire face à beaucoup de situations d’urgence dans des environnements extrêmement différents et difficiles. Nous avons par exemple un apprentissage pour pratiquer des trachéotomies, des exsufflations et des intubations. Si le médecin est présent c’est bien sûr lui qui effectuera ces actes, mais il peut être blessé lui même, éloigné du blessé ou déjà occupé à soigner d’autres personnels, l’acquisition de ces compétences doit nous permettre d’être autonome afin d’assurer la prise en charge rapide des blessés et de préparer leur évacuation sur une antenne chirurgicale à l’arrière des combats », explique l’infirmière. Actuellement adjointe à la responsable de l’antenne médicale des armées à l’Hexagone Balard, site parisien qui regroupe les états-majors des forces de l’armée française où travaillent 8 000 militaires et civiles, Stéphanie B. se prépare pour une nouvelle mission au Tchad programmée à l’automne. Et si en opération, le confort de vie, parfois spartiate, et le travail sont difficiles, l’aventure et la cohésion qui règne entre militaires compensent largement l’investissement personnel. « L’armée, c’est un esprit. Et en mission, il est encore plus fort. Et ça, c’est unique », dit-elle. Quant à l’avenir, Stéphanie B. estime qu’il trop tôt pour y penser. « Un DE d’infirmière, ça ouvre pas mal de perspectives… »

MOMENTS CLÉS

2005 : DE à l’École du personnel paramédical des armées – affectée à l’antenne médicale du 40e régiment d’artillerie (Marne).

2010 : Opex en Afghanistan, passe trois mois à l’antenne médicale du camp militaire international de Warehouse.

2011 : Opex au Kosovo, mission de trois mois en détachement dans un l’hôpital allemand.

2016 : Affectée au Centre médical des armées à l’Hexagone Balard.

2017 : Départ à l’automne pour une Opex au Tchad.

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