Accompagner le patient et ses proches - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

ANGÉLIQUE HANON*   NADINE LAPROVOTE**   MARIE-LUCE FANTI***  


*INFIRMIÈRES AU CH DE TROYES

L’adhésion du patient étant fondamentale pour le bon déroulement du traitement, il convient à l’infirmière de néphrologie et de dialyse de savoir utiliser tous les outils à sa disposition pour répondre aux besoins éducatifs et médicaux des patients.

Comme vu précédemment, l’insuffisance rénale chronique (IRC) correspond à la diminution progressive et irréversible des fonctions excrétrices et endocriniennes du rein en rapport avec la destruction d’un certain nombre de néphrons quel que soit le processus lésionnel. La particularité de l’IRC est que ses symptômes peuvent pendant longtemps passer inaperçus. Ils sont parfois difficiles à détecter. Pour ces raisons, cette pathologie est souvent diagnostiquée à un stade tardif. Son évolution est également très variable d’un patient à l’autre. Lors du suivi des patients, le néphrologue est donc confronté à des patients à différents stades de leur pathologie. Reste à lui de savoir à quel moment il devient nécessaire d’évoquer le traitement par suppléance.

1. UN ENTRETIEN PRÉ-DIALYSE

Après cette annonce, une information pré-dialyse (IPD) est proposée au patient ; il pourra s’y rendre accompagné par ses proches. Cette IPD est dispensée par une infirmière référente formée à cet effet. Le néphrologue de référence lui remet une fiche de consultation précisant, en cas de contre-indications médicales pour l’une ou l’autre des techniques, celle dont l’IDE devra parler au patient. La date du rendez-vous est fixée par la cadre de santé, en fonction de la disponibilité du patient, mais aussi du planning des infirmières référentes de l’IPD afin que cette prise en charge se déroule au mieux.

→ L’objectif principal est que le patient choisisse le mode de dialyse qui respectera au mieux ses aspirations et les impératifs médicaux rendus nécessaires à son état de santé. Cette technique devra correspondre au mieux à son mode de vie.

→ Pour la réalisation de l’entretien pré-dialyse, le patient et ses proches sont installés autour d’une table ronde dans une pièce au calme. Cette entrevue dure environ deux heures. Après s’être présentée, l’infirmière consacre quelques minutes à la présentation du patient lui-même : son histoire de vie, la découverte de sa maladie rénale, depuis combien de temps elle est connue, sa situation actuelle. L’infirmière précise au patient que le choix de la technique de suppléance ne se fera pas au terme de cet entretien, et que si la nécessité s’en fait ressentir, une deuxième consultation pourra lui être proposée. Il ne doit ressentir aucune pression, ni se sentir contraint à un choix « rapide ». La décision finale lui reviendra en accord avec son néphrologue.

À noter que ce choix n’est en rien irréversible. S’il n’existe pas de contre-indication médicale, le patient pourra en effet changer de technique. Parfois, le néphrologue lui-même pourra être à l’origine de ce changement pour des raisons médicales. Toutefois, lorsque le traitement de l’IRC par technique de suppléance est débuté, il ne sera jamais arrêté, sauf si le patient peut être greffé.

→ L’entretien permet ensuite au patient d’exprimer ses besoins et ses interrogations, mais aussi d’appréhender les situations qui peuvent se présenter dans le cadre des différents techniques de dialyse. Il va alors prendre conscience des changements qui vont s’opérer dans l’organisation de sa vie. À cette fin, lors de cet entretien, il est réexpliqué au patient, de manière simple et à l’aide d’un support visuel, le rôle des reins et ses fonctions principales. Vient ensuite une définition de l’insuffisance rénale, ainsi que les symptômes qui en découlent. Bien souvent, à ce stade, le patient fait le lien avec ce qu’il ressent et son vécu.

→ L’infirmière évoque ensuite les traitements de l’insuffisance rénale que sont la dialyse, la transplantation et le traitement médical associé (constitué de médicaments et d’injections permettant de contrôler les symptômes de l’IRC mais non de la guérir).

→ La transplantation est abordée de manière très succincte à la fin de l’entretien. Son évocation est en effet nécessaire pour les personnes pouvant y prétendre, car elle leur redonne de l’espoir dans un moment où souvent elles sont perdues, résignées voire même dans le refus de traitement.

→ À l’inverse, l’essentiel de la consultation concerne l’explication des deux techniques de dialyse qui sont l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Il est précisé au patient que l’une et l’autre sont aussi efficaces. Pour chacune des méthodes de suppléance, il est expliqué au patient la technique par :

- sa définition ;

- son déroulement (organisation d’une séance d’hémodialyse et explication des deux techniques de dialyse péritonéale de jour et de nuit) ;

- le temps passé en dialyse avec chaque technique de suppléance et l’impact sur son quotidien ;

- l’organisation des transports si l’hémodialyse est choisie ;

- l’abord de dialyse nécessaire pour chaque technique (fistule artério-veineuse et cathéter de dialyse péritonéale), explication du type d’intervention pour sa réalisation, photo de l’aspect de cette voie (lire p. 46) ;

- le régime alimentaire associé à chaque technique ;

- les possibilités de voyage et loisirs ;

- les risques encourus.

→ À l’occasion de ce rendez-vous, un recueil de données est réalisé pour permettre une première évaluation de l’environnement et des habitudes de vie du patient, qui seront ou non compatibles avec la technique de suppléance choisie, surtout si la dialyse péritonéale est envisagée. À noter l’importance de la présence du conjoint, des aidants et/ou interprète si la barrière de la langue l’impose. Il faut en effet que l’IDE évalue si le patient pourra se faire aider par ces derniers ou s’il sera nécessaire de faire intervenir une infirmière libérale à la condition qu’elle soit formée aux soins de dialyse péritonéale (DP).

→ Il est également proposé une visite de la salle de dialyse péritonéale avec le matériel nécessaire ainsi que le générateur de DP de nuit, et une visite du service d’hémodialyse.

À la fin de cet entretien, le patient et sa famille sont souvent apaisés, rassurés et reconnaissants des informations reçues. L’infirmière a un rôle essentiel dans le fait de faire comprendre à la personne que certes sa vie sera différente, mais que malgré tout, elle pourra vivre comme avant, partir en vacances, continuer ses loisirs, faire du sport… Le tout avec un minimum d’organisation en amont. Si besoin, l’équipe sera présente pour l’écouter, l’accompagner dans ses démarches et l’aider à vivre au mieux sa maladie.

2. L’ÉDUCATION DU PATIENT ET DE SA FAMILLE

Chaque patient a un rôle important dans la conduite de son traitement. Pour maintenir un état de santé satisfaisant, il lui incombe d’avoir une bonne observance d’un certain nombre de paramètres. Outre la prise régulière de ses médicaments, il doit respecter des règles de diététiques ainsi que les consignes d’hygiène qui lui sont données.

La diététique

Selon son âge, son activité physique, ses antécédents médicaux et le stade de son insuffisance rénale, chaque patient va avoir des besoins nutritionnels propres. Certains nutriments comme les protéines, le sodium, le potassium, le phosphore ont un effet délétère sur l’état général et peuvent également perturber le bon déroulement du traitement. Il est donc important de suivre un régime alimentaire adapté.

→ Alimentation : il faut éviter une suralimentation qui favorise l’hyperkaliémie, l’hyperphosphorémie et une prise de poids trop importante entre deux séances de dialyse, mais également ne pas se sous-alimenter ce qui entraînerait une dénutrition. L’apport de sel doit être diminué, car il augmente la soif, de même qu’il faut réduire les aliments riches en potassium et en phosphore qui en excès dans le sang peuvent entraîner un arrêt cardiaque ou des prurits.

→ Hydratation : lorsque les reins ne fonctionnent plus, les liquides absorbés ne sont plus éliminés. Ils ­s’accumulent dans l’organisme et entraînent des complications (essoufflement, hypertension artérielle, œdème aigu du poumon…). C’est pourquoi les apports hydriques devront être réduits. La quantité recommandée est de 750 ml par jour en cas d’anurie et de 500 ml plus le volume de la diurèse pour les patients urinant encore. Là aussi, le choix des aliments sera primordial, car certains contiennent énormément d’eau.

L’infirmière a donc un rôle éducatif important. Les bilans sanguins et les prises excessives de poids vont lui permettre d’adapter ses conseils. Toutefois, une consultation obligatoire auprès d’une diététicienne va également permettre à chaque patient d’adapter au mieux son régime en fonction de ses habitudes alimentaires et de son mode de vie. Et ce, afin de maintenir une alimentation équilibrée, en accord avec les impératifs de son traitement, tout en conservant les aliments qui lui font plaisir.

Les médicaments et leurs effets

Les différentes techniques de suppléance de l’insuffisance rénale ne vont pas suffire à elles seules à maintenir un état de santé satisfaisant. Elles vont être accompagnées de traitements médicamenteux. Les plus couramment prescrits sont :

- des anti-anémiants sous forme d’érythropoïétine pour stimuler la production de globules rouges ;

- des régulateurs du métabolisme phosphocalcique nécessaires dans le maintien d’une bonne solidité des os ;

- des chélateurs de potassium pour prévenir les troubles cardiaques ;

- des antihypertenseurs ;

- des anticoagulants, notamment en séance de dialyse, pour éviter une coagulation du circuit extra-corporel ;

- des anticholestérolémiants afin d’éviter le vieillissement prématuré des vaisseaux sanguins – le risque d’artériopathie étant plus élevé chez les insuffisants rénaux ;

- des diurétiques pour maintenir un équilibre hydrosodé, notamment quand le patient a conservé une diurèse ;

- des vaccins : l’insuffisance rénale s’accompagne d’un déficit immunitaire et accroît les infections. C’est pourquoi nous vaccinons nos patients contre l’hépatite B, les pneumocoques et la grippe ;

- des laxatifs pour lutter contre la constipation due au manque d’exercice physique, à une alimentation mal équilibrée et aux effets secondaires des médicaments, mais également à une pression du dialysat dans le péritoine pour les personnes sous dialyse péritonéale ;

- des apports nutritionnels peuvent être prescrits en cours de séance par voie parentérale ou/et par voie orale à domicile pour éviter la dénutrition.

Le traitement des insuffisants rénaux sous dialyse est souvent lourd. Pour les aider dans la prise quotidienne de celui-ci, le néphrologue précise sur l’ordonnance le moment de la journée ou chaque médicament doit être administré pour une meilleure efficacité.

Les règles d’hygiène

Le patient dialysé reste fragile, il est donc important – quelle que soit la technique de dialyse choisie – qu’il ait une hygiène corporelle rigoureuse afin de limiter les risques d’infection.

→ En hémodialyse, avant chaque ponction, il sera demandé au patient de laver son bras de fistule. Si les dialyses sont réalisées par l’intermédiaire d’un cathéter veineux central tunellisé ou non, nous recommandons au patient de faire très attention au pansement réalisé de façon occlusive par l’infirmière en fin de séance. Entre deux dialyses, il ne devra pas être retiré afin de protéger le cathéter et éviter l’entrée de germes. Les pansements ne sont pas un obstacle à la prise de douche puisqu’ils sont protégés par un film imperméable.

→ En dialyse péritonéale, les échanges étant réalisés au domicile du patient, il est absolument nécessaire d’avoir une hygiène corporelle soignée, mais également d’avoir un intérieur propre. La pièce de la maison qui servira à réaliser les dialyses doit être nettoyée régulièrement et aérée chaque jour. Avant chaque échange, le plan de travail où le matériel est posé doit être désinfecté. Les mains doivent être lavées avant de commencer les soins et la friction à la solution hydro-alcoolique est fortement recommandée. Le port d’un masque est obligatoire. Ces règles vont permettre une manipulation du cathéter sans prendre de risque majeur et d’éviter la péritonite, qui pourrait compromettre la poursuite du traitement par cette technique. Le pansement de l’émergence est réalisé tous les jours afin de surveiller que celle-ci ne présente pas d’anomalie (rougeur, croûtes, écoulement, bourgeon). Pour chaque situation, le patient est formé afin qu’il puisse réaliser un pansement adapté. Il a également reçu un enseignement lui permettant d’examiner l’aspect du liquide drainé lors de l’échange avec les bons gestes à réaliser suivant le cas. De même qu’il apprend à reconnaître les signes d’alerte nécessitant une intervention en urgence (lire p. 51).

La vie quotidienne et professionnelle

Pour un patient dialysé, intégrer ce traitement dans sa vie quotidienne et professionnelle représente un véritable défi. Il va devoir réorganiser sa vie autour des séances de dialyses. Il est du rôle du soignant de l’accompagner dans cette transition afin de dédramatiser la situation.

→ Les impacts sur sa vie sont différents selon le traitement choisi.

• Dans le cadre de la dialyse péritonéale, tout est mis en œuvre pour intégrer au mieux les dialyses dans le quotidien du patient. Une infirmière se déplace au domicile de ce dernier et étudie avec lui comment aménager les lieux pour faciliter la réalisation des échanges en journée (dialyse péritonéale continue ambulatoire) ou la nuit (dialyse péritonéale automatisée par l’intermédiaire d’un cycleur).

Une vie professionnelle peut et doit au maximum être conservée grâce à un aménagement de son environnement de travail (horaires, locaux adaptés à la réalisation des échanges au sein de l’entreprise…) Cette technique étant plus souple, elle peut lui permettre de poursuivre ses activités quotidiennes en y intercalant les dialyses nécessaires.

• Concernant l’hémodialyse, les séances ont lieu trois fois par semaine pour une durée de 4 heures chacune en moyenne. Nous veillons à être à l’écoute des besoins de chaque patient en proposant des horaires le plus en adéquation avec leur vie privé ou professionnelle avec des prises en charge en soirée par exemple.

→ La pratique d’activités sportives n’est pas contre-indiquée lorsque l’on est dialysé. Elle doit simplement être adaptée à la situation de chacun. Les loisirs des personnes dialysées sont pris en compte dans la mesure du possible dans la planification des séances de dyalise. Par exemple, un patient qui participe à un club de marche les mardis après-midi se verra proposer des séances les lundis, mercredis, vendredis. Pour les activités ponctuelles, si le patient nous en informe quelques jours à l’avance, l’équipe para­médicale mettra tout en œuvre pour permettre au demandeur de participer à l’activité souhaitée.

→ Les vacances des personnes dialysées ne sont absolument pas interdites et sont même recommandées puisqu’elles vont contribuer à conserver une vie sociale et un meilleur moral. Toutefois, un certain nombre de formalités sont nécessaires. La dialyse péritonéale étant une technique ambulatoire, voyager ne présente pas de contrainte, mais doit être réalisé dans de bonnes conditions. Par exemple, il faudra informer les IDE référentes au moins deux mois à l’avance de manière à assurer un suivi de commandes des poches ainsi qu’un acheminement de celles-ci sur le lieu de vacances. Les coordonnées du centre de dialyse péritonéale le plus proche sont également communiquées au patient.

L’hémodialyse demande également de la part du dialysé de chercher un centre de dialyse qui pourra l’accueillir pendant ses vacances. Nous l’aidons dans ses démarches en lui fournissant une liste de centres d’hémodialyses en France comme à l’étranger pour faciliter ses recherches. Lorsqu’un centre répond positivement à la demande, les médecins de notre service envoient le dossier médical nécessaire à une bonne prise en charge.

Au CH de Troyes, nous accueillons d’ailleurs régulièrement des personnes dialysées venant de divers centres de dialyse en France, et ce quelle que soit la raison (professionnelle, rapprochement familial ponctuel, vacances…).

AIDANTS

Un rôle essentiel dans le parcours du patient

Pour un patient dialysé, la famille et les proches sont un soutien inestimable qui va lui permettre de l’aider à affronter la maladie. Notre rôle de soignant est de préparer le patient dyalisé à sa nouvelle vie, de le sensibiliser à une participation active dans la prise en charge de son traitement. Mais pour se faire, il est important d’y inclure les aidants qui ont également besoin d’être entendus, informés et soutenus afin que le dialysé ne se désinvestisse pas. D’une manière générale, on vit mieux ce que l’on connaît bien.

→ Les familles sont donc associées dans le parcours du patient qui l’amène au choix de traitement de suppléance. En effet, lors des divers rendez-vous avec le médecin, puis, à l’occasion de la consultation IDE pré-dialyse, le patient peut se faire accompagner par la personne de son choix.

→ L’implication des familles est peut-être moins visible lorsque le patient est en hémodialyse, car l’accès aux salles de traitement est interdit à toutes personnes étrangères au service. Toutefois, elle est déterminante en amont pour veiller au respect des règles hygiéno-diététiques, ainsi qu’au suivi du traitement qui est régulièrement réajusté en fonction des bilans sanguins.

→ Pour les patients en dialyse péritonéale, les familles seront directement concernées puisque le traitement se fait au domicile.

→ Dans tous les cas, les familles peuvent nous joindre par téléphone, demander à avoir un rendez-vous avec le médecin ou une diététicienne pour approfondir leurs connaissances ou être rassurées. En hémodialyse, nous avons également mis en place un système de cahier de transmissions que le patient garde avec lui. Cela permet à l’ensemble des personnes qui participent de près ou de loin au traitement (médecins, équipe soignante, proches, maison de retraite) de pouvoir échanger.

TÉMOIGNAGES

« Je regrette que mon mari ne puisse m’accompagner »

Anne-Marie Joubert, 63 ans, est dialysée depuis novembre 2016 suite à la dégradation de son fonctionnement rénal. « J’ai été admise en urgence à l’hôpital de Troyes, alors que je suis habituellement suivie à Paris, car je commençais à m’empoisonner, explique la patiente. On m’a d’abord posé un cathéter dans le cou, avant que l’équipe parisienne ne le repositionne en dessous de la poitrine. » Son époux, Jean-Claude, reconnaît que cette intervention en urgence l’a choqué : « Quand elle a été hospitalisée, elle ne me reconnaissait plus. On savait qu’un jour la dialyse serait nécessaire, ma femme n’avait plus qu’un rein qui fonctionnait mais on ne s’attendait pas à ce que cela intervienne aussi vite. Depuis, je fais vraiment très très attention à elle. »

Informer, ça rassure !

Tous deux avaient bénéficié d’une séance d’information sur la dialyse en août 2016. « Les médecins avaient observé que cette perspective me faisait peur, poursuit Anne-Marie. Le fait que quelqu’un m’explique comment cela allait se passer et nous montre via un livre ce que c’était vraiment qu’une séance m’a un peu rassurée. En revanche, je regrette toujours que mon mari ne puisse m’y accompagner. Il aime être à mes côtés pour tout ce qui concerne ma santé. Il vient aux consultations, aux examens, à la radio… Moi ça me rassurerait aussi. Même si les infirmières sont parfaites et très à l’écoute. Et je comprends bien que tout le monde ne peut pas amener sa famille, au moins pour des raisons d’hygiène. » Jean-Claude, lui, demeure intrigué par le fonctionnement de ces appareils qui permettent à sa femme de se sentir mieux. « J’aimerais vraiment voir comment cela fonctionne, cette mécanique qui nettoie le sang. » Son épouse, en tout cas, confirme se sentir beaucoup mieux : « Avec mes trois séances de dialyse par semaine, je suis fatiguée à la sortie mais après une sieste, je suis globalement en meilleure forme. »

PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA MIGNOT

CAS D’URGENCE

Reconnaître les signes d’alerte

Chaque patient, quelle que soit la technique de dialyse utilisée, est formé à reconnaître les signes d’alerte et à agir de manière adaptée en fonction de leur gravité. En cas de doute, il lui est conseillé de joindre l’IDE d’hémodialyse ou de néphrologie pour conseils avant de se rendre aux urgences. La non-observance dans la régularité des dialyses, dans la prise régulière des traitements médicamenteux et dans le respect des règles hygiéno-diététiques peut entraîner de graves conséquences pour le patient.

→ Les signes d’alerte nécessitant une prise en charge en urgence sont les suivants :

- douleurs et rougeurs pouvant apparaître autour de la fistule ou du cathéter accompagnées d’une hyperthermie laissent présumer d’une infection ;

- un thrill (perception d’un frémissement au toucher de la fistule artério-veineuse) non perçu oriente vers une fistule thrombosée ;

- le saignement d’un point de ponction requiert une compression immédiate afin d’éviter une hémorragie ;

- bradycardie, palpitations cardiaques, tremblements ou engourdissements des membres, nausées, vomissements, fourmillements, autant de signes qui orientent le diagnostic vers une hyperkaliémie dont la conséquence ultime est l’arrêt cardiaque ;

- essoufflement, difficultés à respirer, prise importante de poids, visage bouffi, qui sont le résultat d’une surcharge en eau et en sel. Ces symptômes peuvent aller jusqu’à l’œdème pulmonaire.

→ Dans le cas de la dialyse péritonéale, outre ses signes d’alerte, il faut également être vigilant sur l’aspect du liquide drainé lors de chaque échange. En effet, pour être dans la normalité, le liquide récupéré doit être plus ou moins jaune et limpide. Ainsi, il est nécessaire de consulter si le liquide a un aspect rosé voir rouge sur plusieurs poches de suite. Un aspect laiteux (trouble), quant à lui, oriente vers la péritonite.

D’autres signes comme les douleurs abdominales, lombaires, diarrhée, mauvais drainage, doivent être considérés comme alertants.

Droits et structures d’accompagnement

La charte de la personne hospitalisée

Elle donne une orientation claire concernant les droits du patient dialysé, comme le prévoient les textes(1). Elle décrit des principes de libres choix, de qualité d’accueil et de traitements, de consentement éclairé, de respect, d’informations et d’échanges. La réflexion autour de ces grands principes doit permettre d’améliorer la prise en charge du patient en le considérant comme acteur principal de son protocole de soins et en lui garantissant l’accès au droit d’être une personne accueillie, soignée et respectée. De plus, nous lui permettons d’être collaborateur et non pas usager d’un système ; en plus d’être plus riche, notre intervention s’en trouve facilitée. Il est nécessaire de les intégrer dans nos pratiques que l’on soit médecin, infirmière, aide-soignante, secrétaire ou assistante sociale.

Des droits spécifiques

Pour améliorer le quotidien et permettre au patient de vivre avec la pathologie et les soins, des droits spécifiques peuvent être ouverts auprès de différentes institutions.

• La Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) est un lieu unique d’accueil et d’accompagnement des personnes en situation de handicap et de leur famille. Elle s’adresse en particulier aux personnes de moins de 60 ans. Pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale, les répercussions sur la vie quotidienne et notamment professionnelle peuvent nécessiter des aménagements. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) doit faciliter les aménagements de poste ou permettre l’accès à une mission adaptée. Lorsque la mobilité s’en trouve réduite ou qu’un accompagnement est nécessaire, la carte européenne de stationnement peut être délivrée. Une allocation aux adultes handicapés (AAH) permet d’assurer un revenu minimum pour les patients qui ne pourront pas avoir accès à l’emploi de façon durable (conditions particulières étudiées par la MDPH en fonction du certificat médical) et qui ont des ressources inférieures à 9730,68 euros par an pour une personne seule. Pour les patients qui ont subi une importante perte d’autonomie à long terme et qui nécessite de l’aide quotidienne (toilette, aide aux repas, aide-ménagère), une prestation de compensation du handicap (PCH) peut permettre l’aide au financement de personnel aidant, de matériel ou d’aménagement spécifique.

L’ensemble des prestations de la MDPH sont étudiées suite à la constitution d’un dossier unique disponible directement auprès des agents de la MDPH du secteur ou encore sur son site Internet (www.mdph.fr).

• L’Assurance maladie peut être un interlocuteur nécessaire dans le parcours du patient qui requiert des soins et qui est dans l’impossibilité de poursuivre son activité professionnelle. Il existe plusieurs régimes et il convient de s’adresser directement à l’institution dont dépend le patient (régime général – CPAM ; régime agricole MSA ; régime des indépendants RSI ; autres spécifiques SNCF, EDF…). D’une manière générale, des dispositifs tels que le congé longue maladie ou le temps partiel thérapeutique peuvent se mettre en place en fonction de l’avis des médecins conseils. L’Assurance maladie peut également rembourser une partie des frais kilométriques pour les personnes dialysées utilisant leur propre véhicule. L’utilisation de transport sanitaire est aussi prescrite par le médecin pour assurer l’accès aux séances de dialyse et le retour à domicile.

Aides financières et conseil

• L’action sociale du conseil général du secteur peut également être sollicitée pour un accompagnement à l’accès aux droits, mais aussi pour la mise en place de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui permet une aide au financement de soutien à domicile (toilette, repas, courses, ménage), de matériel et d’aménagement pour les patients de plus de 60 ans en perte d’autonomie.

• Enfin, la Fnair (Fédération nationale d’aide aux insuffisants rénaux), rebaptisée France rein, association reconnue d’utilité publique, a pour vocation de représenter, d’informer, de conseiller les patients insuffisants rénaux dans de multiples domaines (www.francerein.org).

Pour accompagner au mieux les patients dialysés, il semble nécessaire de les replacer au centre d’une équipe pluridisciplinaire qui connait les missions de chacun afin qu’ils puissent être orientés et accompagnés par les professionnels les plus compétents tout au long de leurs parcours de soins. L’accès aux droits et l’accompagnement sont les principales missions du service social hospitalier, que l’on soit patient ou personnel soignant.

MARINE GOBANCE, ASSISTANTE SOCIALE, CH DE TROYES

1 - Circulaire n° DHOS/E1/DGS/SD1B/ SD1C/SD4A/2006/90 du 2 mars 2006.

ÉTUDIANTS EN IFSI

Les UE en lien avec le dossier

Références d’UE en lien avec le dossier et extrait :

→ UE 2.2.S1 « Cycles de la vie et grandes fonctions » : aspects anatomiques et physiologiques (compétence 4) ;

→ UE 2.3.S2 « Santé, maladie, handicap, accidents de la vie » : l’annonce de la maladie, la maladie chronique (compétence 1) ;

→ UE 2.7.S4 « Défaillances organiques et processus dégénératifs » : mécanisme physiopathologique de la dégénérescence d’un organe/ Insuffisance rénale (compétence 4) ;

→ UE 2.10.S1 « Infectiologie, hygiène » (compétence 3) ;

→ UE 3.2.S.3 « Projet de soins infirmiers » : négocier un projet de soins (compétence 2) ;

→ UE 4.2.S3 « Soins relationnels » : la relation d’aide, les entretiens infirmiers (compétence 6) ;

→ UE 4.6.S3 « Soins éducatifs et préventifs » : soins infirmiers d’éducation, d’aide (compétence 5) ;

→ UE 4.8.S6 « Qualité des soins, évaluation des pratiques » : acquérir des outils d’analyse critique pour améliorer sa pratique professionnelle (compétence 7).