L'infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017

 

SUICIDE

FORMATION

L’ESSENTIEL

En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité des adolescents après les accidents de la route. Le point sur les facteurs de risque.

De nombreux signes avant-coureurs permettent de repérer les jeunes en danger de passage à l’acte. «  Parmi les acteurs sanitaires et sociaux, les IDE peuvent jouer un rôle essentiel dans le repérage des facteurs de risque et dans l’identification du syndrome de tension pré-suicidaire », explique le Dr Joachim Getzel, psychiatre responsable de l’équipe mobile de l’Astrolabe(1).

Facteurs de risque

→ Individuels : au-delà des facteurs génétiques, difficiles à apprécier, ils concernent les antécédents personnels de tentative de suicide (facteur de risque majeur), certaines pathologies psychiatriques (schizophrénie, troubles de l’humeur…) et certains traits de personnalité particuliers (auto-agressivité, dépendance affective…).

→ Familiaux : là aussi, les antécédents familiaux de suicide ou de tentative de suicide ainsi que les psychopathologies parentales (dépression, abus de substances, pathologie psychiatrique) majorent le risque suicidaire chez les adolescents. Sont également corrélés au passage à l’acte les divorces parentaux et les relations conflictuelles parents-adolescents.

→ Environnementaux : les évènements de vie stressants (échecs relationnels, rupture sentimentale, problèmes de justice et conflits entre pairs, harcèlements), les violences physiques (maltraitances et abus sexuels), les difficultés socio-économiques et scolaires (échec scolaire voire rupture de scolarité), ainsi que l’exposition ou la pratique du suicide par des pairs, proches ou moins proches, constituent des facteurs de risque à prendre d’autant plus en considération qu’ils se cumulent à d’autres.

Le syndrome de tension pré-suicidaire

«  Il précède souvent de quelques semaines un geste suicidaire, précise le spécialiste. L’adolescent consulte un médecin, une ou plusieurs fois, mais n’évoque pas spontanément ses idées suicidaires. Il exprime une plainte somatique ou un malaise flou (fatigue, douleur). »

Dans ce contexte, l’IDE ne doit pas hésiter à poser des questions claires : « Comment te sens-tu ? » « As-tu des idées noires ? » afin de susciter l’expression de son mal-être et de ses éventuelles idées autodestructrices. «  C’est très important, poursuit le Dr Getzel, car discerner le danger de la situation permet de mettre en place un accompagnement précoce, voire une prise en charge spécialisée, qui évitera le passage à l’acte, car il n’est pas rare que le médicament prescrit par le médecin serve à la tentative de suicide. »

1 - Rattachée à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), cette équipe mobile travaille avec l’ensemble des acteurs sanitaires, sociaux, éducatifs et la protection judiciaire afin de repérer et d’aider les adolescents en difficulté à accéder aux soins.