L'infirmière Magazine n° 387 du 01/11/2017

 

SCIENCES INFIRMIÈRES

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FOCUS

Isabel Soubelet  

Le premier prix national de recherches en sciences infirmières, remis le 12 octobre en présence d’Agnès Buzyn, dévoile les tendances de ce domaine. Zoom sur une lauréate.

La Fondation de l’avenir et la chaire de recherches en sciences infirmières ont attribué, le 12 octobre, en présence d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, un prix destiné à faire connaître et reconnaître la recherche infirmière et paramédicale française. Un domaine encore mal connu et peu reconnu en France, contrairement aux États-Unis et au Canada.

« Aujourd’hui, nous assistons à une véritable évolution du champ de la recherche infirmière, qui se porte davantage sur la dimension globale de la prise en charge, souligne Dominique Letourneau, président du directoire de la Fondation de l’avenir, et ancien infirmier en secteur psychiatrique. Elle inclut le médical, bien sûr, mais tient compte de l’accompagnement psychologique et s’intéresse à la dimension socio-éducative, surtout avec le développement des maladies chroniques qui nécessitent un suivi dans la durée. C’est surtout là que peut se situer la recherche paramédicale et qu’elle fait œuvre utile. »

Un parcours atypique

À 39 ans, Claire Line affiche un parcours atypique. Diplômée des Beaux-Arts et de l’Ifsi de Rennes en 2006, elle a obtenu en 2011 une certification en « éducation thérapeutique du patient » à l’université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI). Puis elle a poursuivi en 2014 par deux masters en « éducation thérapeutique » et en « didactique professionnelle ». Le prix qu’elle a obtenu dans la catégorie « jeune chercheur » récompense ses travaux de recherche sur l’accompagnement des adolescents souffrant de troubles du comportement alimentaire, et plus spécifiquement sur la question de la réappropriation de leur corps par les adolescentes obèses.

« Lors d’entretiens semi-dirigés au près de dix adolescentes, j’ai pu mettre en évidence la difficulté qu’elles ont à habiter leur corps alors même qu’on leur demande d’agir dessus, explique la lauréate. Cette recherche explore la manière dont ces jeunes filles mettent en mots les actions qu’elles mènent sur et par leur corps en situation, et les efforts considérables que ces adolescentes mobilisent pour s’incarner au quotidien. L’offre de soins aujourd’hui est principalement axée sur des approches hygiéno-diététiques et comportementales. Il semblerait néanmoins important dans la prise en charge de permettre l’accès aux émotions et au vécu par la mise en mot de cette corporalité. » Son projet de doctorat portera d’ailleurs sur un approfondissement de la recherche sur ce point précis.

LES AUTRES LAURÉATS

→ « Chercheur confirmé » : Jean-Manuel Morvillers, infirmer, docteur en sciences de l’éducation, cadre supérieur de santé à l’hôpital Maison-Blanche. Après des années de réflexion sur l’exercice infirmier en milieu psychiatrique à travers les notions du care, du caring et du cure, il travaille aujourd’hui sur le concept d’implication.

→ « Meilleure publication scientifique » : Bruno Garrigue, infirmier anesthésiste, cadre de santéSamu/Smur/Cesu91 au CH Sud-Francilien, pour sa recherche sur la préparation des seringues électriques afin d’évaluer si la façon de diluer un médicament dans un solvant et le fait d’agiter la seringue, influent sur la concentration du médicament dans le solvant. Il a publié dans Critical Care Nurse(1).

1- http://ccn.aacnjournals.org/content/36/4/36.full.pdf