En finir avec l’impunité

Le harcèlement sexuel est un délit. Cela fait du bien de le dire. C’est un peu comme si on le découvrait tout à coup, tant cela semble ahurissant qu’un phénomène aussi grave et d’une telle ampleur puisse être nié, impuni, à ce point. Cela devrait être rappelé, affiché sur tous les lieux de travail. A fortiori dans les établissements de santé qui se révèlent être des lieux particulièrement prédisposés à « l’épanouissement » du sexisme, comme le révèlent l’étude de Valérie Auslender et les témoignages que nous avons recueillis (lire le dossier p. 18). Des lieux où les chances de faire entendre sa voix sont minces. Un monde hiérarchisé où les fonctions les plus élevées sont largement occupées par des hommes. Pour lutter contre ce fléau, libérer la parole ne suffit pas et l’on peut craindre qu’après la vague de dénonciations très médiatisée, le soufflé ne retombe. Il faut quantifier, analyser, objectiver et surtout, passer à l’action. C’est tout l’intérêt de la démarche initiée par l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) dont l’enquête, édifiante, sur la banalisation du sexisme et du harcèlement sexuel a de surcroît le mérite d’interpeller en haut lieu. Rappelons au passage que le Défenseur des droits avait déjà effectué une enquête sur le harcèlement sexuel au travail dès 2014⁽¹⁾. L’Isni n’en reste pas là et propose des mesures concrètes, comme la création d’un outil informatique anonyme de signalement et un accompagnement des victimes dans leur démarche en justice. Il convient aussi d’agir plus globalement. Briser le plafond de verre, renforcer les moyens de la médecine du travail et des représentants du personnel, que les ordonnances ont pourtant réduits. Ne plus invoquer aussi l’humour carabin comme alibi. 1- Selon cette enquête, 20 % des femmes actives disent avoir été confrontées à une situation de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle. « Enquête sur le harcèlement sexuel au travail », collection Études et résultats, mars 2014.