L’univers hospitalier est source inépuisable d’inspiration.
Et Baptiste Beaulieu l’a bien compris. Cette BD, adaptée de son récit Alors voilà, les 1 001 vies des urgences et magnifiquement illustrée, dévoile le quotidien d’un jeune interne qui recueille l’histoire, les peurs, les espoirs de ses patients - « des gens couchés ou en fauteuil roulant » - et de ses collègues. Des vies qu’il couche dans un petit carnet qu’il n’hésite d’ailleurs pas à dégainer. Parce que tel un conteur, le soignant, qu’il soit médecin, aide-soignante ou infirmière, est un gardien des secrets, riche d’histoires qui tissent, entre les rencontres, des « destinées humaines ». Car l’histoire de l’autre fait oublier la sienne, aussi pénible soit-elle. Permet de relativiser quand les nouvelles ne sont pas bonnes, et aide à garder espoir : « Je vais parler. Parler jusqu’à ce que les avions décollent, jusqu’à ce que son fils revienne. La patiente m’écoutera. Tant qu’elle écoute, elle est en vie. Mon souffle tiendra la distance. » À l’instar des patients qui s’accrochent à ce débit de paroles, on se laisse aussi prendre au jeu, et on tend l’oreille. Les mots pour soigner - ou du moins soulager - les maux du quotidien ? La botte secrète du jeune interne semble fonctionner.
Les mille et une vies des urgences, Dominique Mermoux et Baptiste Beaulieu, Éd. Rue de Sèvres, 18 €