L'infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017

 

RENCONTRE AVEC MIREN LARRAMENDY

CARRIÈRE

PARCOURS

Hélène Colau  

C’est une spécialité qu’on doit faire connaître et reconnaître ! Les chirurgiens et les médecins ont besoin de personnel formé et soutenant pour s’occuper au mieux des patients. Sinon, ils risquent de les orienter vers des magasins orthopédiques de ville, qui proposent des appareils de série… » Une aberration pour Miren Larramendy, IDE gypsothérapeute depuis dix ans au CH de la Côte-Basque, à Bayonne. « L’être humain n’est pas fabriqué en série ! C’est à nous de trouver ce qui sera le meilleur pour chacun. »

→ Touche-à-tout. Au départ de sa vocation, un intérêt certain pour l’orthopédie, bien sûr. « C’était ma matière préférée à l’Ifsi, se souvient-elle. Je m’intéressais particulièrement aux pathologies de l’appareil locomoteur et c’est une spécialité bien protocolisée, carrée. » La gypsothérapie n’est pas pour autant réservée aux techniciens purs, aux « bricoleurs » : on reste infirmière avant tout, précise Miren Larramendy. Pour satisfaire son côté touche-à-tout, elle commence sa carrière par un tour presque complet des services. D’abord en intérim, médecine générale, soins de suite et chirurgie vasculaire, ce qui lui permet de « développer son expérience professionnelle et son adaptabilité ». Puis au sein du centre héliomarin d’Hendaye (64), où elle travaille avec des personnes polyhandicapées ou atteintes de la maladie de Prader-Willi. Avant de rejoindre l’hôpital de Bayonne, en août 2001, au sein du pôle de remplacement. Elle enchaîne alors chirurgie, pédiatrie, hématologie, gériatrie… « Il me fallait de l’expérience avant de me poser », explique-t-elle. C’est chose faite en 2004, en psychiatrie cette fois. « Je voulais retrouver cette complémentarité entre technicité et relationnel. »

→ Juste équilibre. C’est un peu par hasard qu’elle trouvera finalement un poste lui permettant d’atteindre le juste équilibre. À son retour de congé maternité, sa cadre lui parle d’un poste en consultation d’orthopédie. Alors que le service était prêt à chercher la perle rare à l’extérieur, jeune et motivée, elle emporte le morceau. Et découvre une spécialité épanouissante : « Il y a une prise en charge globale des personnes car, pour guérir, il faut qu’elles soient dans un bon état général. On réalise l’éducation du patient afin qu’il aménage au mieux son environnement et qu’il continue à être le plus autonome possible. De plus, l’équipe réalise le suivi des plaies, on adapte leur traitement local, on s’assure que les traitements sont bien compris et pris. Je trouve la confection d’appareillages gratifiante car nous faisons au mieux pour apporter une réponse personnalisée et le patient est satisfait en fin de traitement. » Pour ses premiers pas, l’infirmière est guidée par une professionnelle plus expérimentée, qui lui fait découvrir le rôle de gypsothérapeute et d’IDE de consultation. Surtout, elle suit une formation au long cours, sur deux ans, couronnée par une certification en gypsothérapie. D’abord prudente, faisant vérifier son travail par les chirurgiens, elle gagne en autonomie au fil des mois.

→ Évolution constante. Son hôpital compte cinq gypsothérapeutes qui interviennent dans tous les services, selon les besoins. « Quand un patient n’est pas transportable, on se transforme même en équipe mobile », explique Miren Larramendy. Son seul regret : nombre de CH français ne possèdent pas d’équipe de gypsothérapie et, quand c’est le cas, les médecins et chirurgiens ne pensent pas systématiquement à elles… « Pourtant, c’est au bénéfice du patient, qui aura un appareillage adapté à ses besoins, et même de la Sécurité sociale, car ils sont moins chers que ceux vendus dans les magasins d’orthopédie ! » Pour l’avenir, elle n’envisage pas de changer de service. « Il y a tellement de choses à développer ! Les matériaux évoluent constamment et nos compétences aussi. On peut approfondir nos connaissances sur la main, en neurochirurgie, en pédiatrie… J’ai encore le temps de me perfectionner ! »

MOMENTS CLÉS

2000 : diplôme d’État à Orthez (64).

2001 : remplaçante à l’hôpital de Bayonne puis en psychiatrie.

2004 : retour aux soins généraux, en médecine infectieuse et en gérontologie.

2006 : entre à la consultation d’orthopédie.

2008 : certification en gypsothérapie au Creusot (71).