L'infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017

 

ALIMENTATION

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

Le PR Jean Costentin  

PROFESSEUR ÉMÉRITE À L’UNIVERSITÉ DE ROUEN, ET CO-AUTEUR DE CAFE, THE, CHOCOLAT - LES BIENFAITS POUR LE CERVEAU ET POUR LE CORPS, ÉD. ODILE JACOB

En France, chaque année, on boit une trentaine de milliards de tasses de café, soit environ 500 par personne », note le Pr Jean Costentin, avant de concéder qu’il en consomme bien cinq à six tasses par jour ! Le café est une boisson qui se décline en plusieurs variétés, selon la teneur en caféine : de l’arabica (plus doux) au robusta (plus corsé). Ainsi, chaque tasse de café peut en contenir entre 60 et 120 mg. Si la caféine a un effet éveillant et stimulant chez la plupart des consommateurs, elle accroît, ou fait apparaître, chez d’autres une anxiété et des crises d’angoisse.

« La caféine, qui a des effets anxiogènes, est transformée, après résorption par l’intestin et passage par le foie, en paraxanthine, qui est, elle, anxiolytique », explique le Pr Costentin. Or, certains individus transforment peu leur caféine en paraxanthine. Une étude de l’auteur, relatée dans Café, thé, chocolat, a examiné l’intensité de cette transformation chez une vingtaine de personnes : dix déclaraient aimer le café et en prendre plusieurs tasses par jour et, a contrario, dix autres qui ne l’aimaient pas et n’en consommaient pas. Tous ont bu une tasse de café soluble, dosée en fonction de leur poids ; leur salive a été recueillie deux, quatre et six heures plus tard. Résultat : ceux qui aiment le café transforment bien plus intensément sa caféine en paraxanthine que ceux qui ne l’apprécient pas. Ainsi, « le plaisir éprouvé à consommer du café dépend de l’aptitude à en transformer la caféine en paraxanthine ». Si le café est « une bonne drogue », affirme le Pr Costentin, il est néanmoins important de ne pas en surconsommer, estimant qu’il ne faudrait pas aller au-delà de six tasses de « petit noir » par jour.

Les alternatives

→ Le thé : il contient de la théophylline et de la théine, qui n’est autre que de la caféine. En revanche, un bol de thé en contient moins qu’une tasse de café (40 mg de caféine VS 60-120 mg) Toutefois, plus le thé est infusé, plus la boisson est riche en caféine.

Le thé est plus diurétique et assure une plus grande élimination rénale de la caféine. Il est moins anxiogène que le café et, par son moindre apport de caféine, entraîne son élimination plus rapide par le rein.

La théanine qu’il contient possède des effets anxiolytiques.

→ Le chocolat : il contient moins de caféine que le café et le thé (environ 20 mg pour quatre carrés). Il comporte de la théophylline (moins que le thé) et de la théobromine (étymologiquement « nourriture des dieux »). On lui prête un léger effet anti-dépresseur.

Arôme d’un « expresso »

Très concentré, tant en arômes qu’en couleur, l’expresso a, en revanche, un taux relativement faible de caféine. Si l’on verse, sur le café finement moulu, 20?ml d’eau bouillante, on reproduit l’expresso. Mais à chaque extraction par fraction de 20 ml d’eau supplémentaire, on accroît la charge en caféine. Ainsi, à partir d’une même quantité de poudre, plus le liquide obtenu sera clair, plus il sera chargé en caféine.

LES BONS GESTES

→ Ne pas dépasser les six tasses de café par jour.

→ Choisir le moment de la journée le plus adapté, selon ses activités.

→ En cas de travail de nuit, préférer le café en début de garde.

→ Les femmes enceintes devraient éviter le café car il augmente le rythme cardiaque du fœtus. De plus, la caféine pouvant passer dans le lait, il est déconseillé aux femmes qui allaitent.

→ Le café ayant des effets tachycardisants, il n’est pas recommandé en cas d’éréthisme cardiaque. À savoir que la caféine peut aggraver l’hypertension artérielle, le syndrome du colon irritable, le reflux gastro-œsophagien, le syndrome des jambes sans repos…

→ Du fait de la capacité du café à maintenir éveillé, les personnes insomniaques devraient l’éviter.

→ Éviter l’huile de café, notamment dans le cas des cafés à la turque ou à la suédoise, car ce mode de préparation, riche en cafestol et kawéol, augmente la cholestérolémie.

À chacun son café

Café au lait : mélange des deux liquides dans des proportions variables.

Latte macchiato : plus riche en lait avec une formation de mousse dans certains cas.

Café-crème : ajout de crème ou d’un nuage de lait.

Café noisette : ajout d’un peu de lait.

Cappuccino : on dépose délicatement sur un expresso de la mousse de lait et de la poudre de cacao.

Café viennois (espresso con panna) : un café clair assorti de crème fouettée et de chocolat en poudre ou en copeaux.

Irish coffee : ajout de whisky sucré chauffé à trois volumes de café.

Café glacé : boisson froide au café agrémentée de crème chantilly.

(« Café, thé, chocolat », éd. Odile Jacob)