L'infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017

 

FORMATION

PRÉVENTION

Claire Manicot  

Recommandée auprès des populations à risque, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) permet de diminuer le nombre de nouvelles contaminations. Elle suppose de surcroît un suivi trimestriel.

La PrEP ou prophylaxie pré-exposition est un traitement antirétroviral, préventif de l’infection au VIH, autorisé en France depuis novembre 2015 et remboursé à 100 %.

QUELLE INDICATION ? POUR QUI ?

• La PrEP est un traitement préventif indiqué chez les personnes de plus de 18 ans surexposées au VIH et/ou n’utilisant pas de façon systématique le préservatif.

• La PrEP s’adresse :

• Aux HSH qui ont au moins un des critères suivants :

– rapports sexuels anaux sans préservatif avec au moins deux partenaires sexuels différents dans les six derniers mois ;

– épisodes d’IST dans les douze derniers mois ;

– plusieurs recours au TPE dans les douze derniers mois ;

– usage de drogues lors des rapports sexuels.

• Aux personnes en situation de vulnérabilité :

– les travailleurs du sexe ;

– les personnes originaires de région à forte prévalence (Afrique subsaharienne, Guyane, etc.) et leurs partenaires ;

– les usagers de drogues par voie intraveineuse ;

– les personnes ayant de multiples partenaires.

• La PrEP est contre-indiquée en cas d’allaitement et de séropositivité.

PRESCRIPTION

La prescription initiale doit être réalisée par un médecin hospitalier ou exerçant dans un Cegidd. Elle est valable un an et peut être ensuite renouvelée par un médecin généraliste.

• La mise en place du traitement nécessite, d’une part, de vérifier que le traitement est bien indiqué au profil de la personne, que celle-ci est motivée et qu’elle n’est pas déjà atteinte du VIH. Il faudra au moins deux consultations à distance avant de prescrire la PrEP.

ADMINISTRATION DU TRAITEMENT

• Présentation : emtricitabine/ténofovir disoproxil 200 mg/245 mg, vendus en lots de 30 cp. On retrouve la spécialité Truvada (406 € la boîte) et, depuis l’été 2017, les quatre génériques Mylan, Biogaran, EG et Zentiva (180 € la boîte).

• Administration en prise continue : un comprimé par jour, pris avec de la nourriture si possible et à la même heure.

• En cas d’oubli : s’il s’agit d’un oubli de moins de douze heures, prendre le comprimé oublié aussitôt. S’il s’agit d’un oubli de douze heures, ne pas prendre la dose oubliée et prendre la dose suivante à l’heure habituelle. En cas de vomissement moins d’une heure après avoir pris le traitement, prendre un autre comprimé.

• Délai de protection : dans le cadre de rapports anaux, la protection optimale est obtenue au bout de sept jours.

Dans le cadre de rapports vaginaux, la protection optimale est obtenue au bout de vingt et un jours (en raison de la diffusion plus lente des antirétroviraux et de la moindre concentration du tenofovir dans les tissus vaginaux).

• Administration à la demande : ce schéma de prise peut être envisagé chez les hommes homosexuels et les personnes transexuelles n’ayant pas de rapports vaginaux.

• Première prise : deux comprimés à prendre entre deux et vingt-quatre heures avant le rapport sexuel ;

• Deuxième prise : un comprimé à prendre vingt-quatre heures après la première prise (+/- deux heures) ;

• Troisième prise : un comprimé à prendre vingt-quatre heures après la deuxième prise (+/- deux heures).

En cas de rapports sexuels successifs, il faudra continuer à prendre un comprimé par jour (même heure, à deux heures près) et prévoir toujours deux prises espacées de vingt-quatre heures après le dernier rapport à risque.

• Effets indésirables : le plus souvent, nausées, diarrhée, douleurs abdominales, vomissements, vertiges, maux de tête, éruption cutanée, fatigue. Des effets indésirables plus graves mais rares peuvent survenir.

• Mise en garde : le traitement ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles.

• Suivi du traitement : un mois après, puis tous les trois mois, dépistage du VIH, des hépatites et autres IST, surveillance de la fonction rénale.

Pour conclure, l’observance est un élément clé pour l’efficacité de ce traitement. À noter qu’il présente l’intérêt de pouvoir suivre les personnes à haut risque, sa prescription imposant des consultations tous les trois mois.

En collaboration avec Marine Plathey, infirmière au 190, CeGidd de Paris Risques