C’est l’histoire d’une petite fille atteinte de surdité, et de ses parents, dans leur maison à la campagne. Mais quand on demande à Cécile Bidault de résumer son ouvrage - son premier -, elle s’empresse de préciser : « Ce n’est ni un livre sur la surdité ni un livre sur le handicap. » L’auteure (« autrice », dira son éditeur) de 24 ans a souhaité mettre en avant le quotidien d’une enfant sourde dans les années 1970 en France, période pendant laquelle la langue des signes était interdite dans le cadre familial ou scolaire. Une fillette qui vit dans son monde, coupée de ses parents (tout aussi démunis). Le récit, que l’on découvre à travers ses yeux, est, lui aussi, muet, les phylactères réduits à des pointillés. Ce qui ne gêne pourtant pas la « lecture » car l’univers graphique suffit à rendre les personnages expressifs. Et c’est là la force de cet album : retranscrire et transmettre de l’émotion sans mot… Petit à petit, comme la petite fille, on se réfugie dans ce monde imaginaire. On s’y sent bien. Et on finit par l’entendre, dans ce silence assourdisant.
L’écorce des choses, Cécile Bidault, Éd. Warum, 20 €