L'infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017

 

MINEURS EN PSYCHIATRIE

ACTUALITÉS

FOCUS

Lisette Gries  

Dans un rapport, le contrôleur général des lieux de privation de liberté préconise une meilleure information des mineurs placés en hôpital psychiatrique, ainsi que l’organisation des services de manière à préserver leur dignité.

Récemment, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a visité une trentaine d’unités de psychiatrie accueillant des mineurs, notamment des adolescents. Il en a tiré un rapport, publié en librairie le 8 novembre(1) et dont une version gratuite sera disponible en ligne à partir du 20 décembre. Pour les auteurs, la notion de « soins libres » ne correspond que rarement à la réalité vécue par les mineurs. En effet, leur admission en hôpital psychiatrique découle d’une décision de leurs parents, de leurs tuteurs, voire du directeur de l’établissement à qui ils ont été judiciairement confiés. Le rapport concerne donc l’ensemble des mineurs remis à des établissements de santé mentale, et pas uniquement ceux qui font l’objet d’un placement par le représentant de l’État ou le juge des enfants.

Le nécessaire renforcement de l’accès et du respect des droits des mineurs hospitalisés est fortement mis en avant par le rapport, en plusieurs points. Ainsi, les auteurs préconisent que les patients mineurs disposent d’une information sur les voies de recours en cas de contestation de leur hospitalisation, et soient, dans la mesure du possible, associés aux décisions les concernant. « La minorité n’est pas une frontière en deçà de laquelle l’enfant serait dénué de droits », rappellent-ils. De même, les droits de leurs representants légaux, le plus souvent les parents, doivent être mieux respectés, notamment lorsque l’enfant est confié à un établissement ou service dans le cadre d’une assistance éducative.

Manque de moyens

Le CGLPL formule également des observations et des recommandations relatives à la prise en soin des mineurs. Il déconseille notamment l’hospitalisation d’adolescents dans des services pour adultes. « Il devrait être envisagé de regrouper dans des unités distinctes d’une part, les mineurs de 13 à 16 ans et, d’autre part, les jeunes de 16 à 25 ans », précise le texte, qui estime par ailleurs que « les chambres d’isolement devraient être exclues des unités recevant des enfants de moins de 13 ans », et que la mise en pyjama et l’interdiction des chaussures « doivent demeurer exceptionnelles ». Le CGLPL rappelle la nécessité d’une prise en charge supervisée par un pédopsychiatre, tout en constatant le manque d’effectifs qualifiés(2). Il pointe d’ailleurs la qualité insuffisante des projets de soin.

« Nous partageons la plupart des constats de ce rapport », explique Nathalie Pawlowski, présidente du collectif Psychiatrie de la Coordination nationale infirmière (CNI). Pour le syndicat, la racine du mal est à chercher du côté du manque de moyens. « Chez les IDE, on observe aujourd’hui les effets délétères de l’abandon du diplôme spécifique à la psychiatrie (un constat entendu dans tous les établissements visités par les enquêteurs, NDLR). Les équipes sont démunies face à des pathologies qu’elles ne savent pas gérer, encore moins quand il s’agit des plus jeunes. » La CNI réclame donc la création d’un master et d’infrastructures de qualité.

1 - Les droits fondamentaux des mineurs en établissement de santé mentale, CGLPL, Éd. Dalloz (2017), en ligne sur le site du CGLPL le 20 décembre.

2 - selon l’ordre national des médecins, treize départements ne recensent aucun pédopsychiatre. La densité est de cinq pour 100 000 enfants de 0 à 15 ans.