L'infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018

 

HOSPITALISATION

ACTUALITÉS

FOCUS

Adrien Renaud  

L’hospitalisation à domicile entend devenir incontournable dans le paysage sanitaire. C’est le message martelé par la Fnehad lors de ses universités d’hiver, les 6 et 7 décembre.

Nous pouvons nous engager avec vous en faveur du doublement de l’activité de l’hospitalisation à domicile (HAD) au cours du quinquennat et nous y mettrons les moyens. » Lors de ses universités d’hiver, la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad) ne s’est pas privée de rappeler cette phrase, tirée d’un courrier que lui avait adressé Emmanuel Macron durant la campagne électorale.

Pendant deux froides journées de décembre, à Paris, la structure représentant les acteurs de l’HAD a planché sur les pistes pouvant nourrir ses ambitions de croissance.

Exemple avec les transfusions sanguines. « La proportion de cette prise en charge dans l’HAD est devenue ridiculement faible mais il y a un potentiel important », déclarait le Dr Élisabeth Hubert, présidente de la Fnehad, en ouverture d’une session consacrée à la question. En cause, le coût : la fédération a calculé qu’un établissement perdait entre 300 et 500 € par transfusion. Pourtant, l’enjeu est important : il s’agit d’éviter des déplacements pour des hospitalisations de jour, c’est-à-dire non seulement des dépenses pour l’Assurance maladie mais aussi des risques pour les patients.

Dix-sept recommandations pour les transfusions

C’est pourquoi la Fnehad et la Société française de transfusion sanguine (SFTS) ont travaillé sur la manière de permettre à des infirmières (libérales ou salariées des établissements d’HAD) de mieux réaliser cette activité au domicile des patients. La SFTS finalise actuellement une liste de dix-sept recommandations – qui vont des critères d’inclusion des patients au contrôle des poches, en passant par l’assurance qu’un médecin est joignable et peut intervenir durant la transfusion, ou encore par la conduite à tenir en cas d’effet indésirable. Les pouvoirs publics semblent d’ailleurs plutôt décidés à emboîter le pas à la Fnehad sur cette thématique. « Je veillerai à ce que la réalisation des transfusions sanguines à domicile soit soutenue », a déclaré la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, lors de son allocution aux universités d’hiver de la Fnehad, laissant espérer des ajustements tarifaires prochainement.

Ehpad et Ssiad dans le viseur de l’HAD

Mais, même à tarifs constants, les établissements d’HAD ont des idées pour augmenter leur activité. Depuis un an, par exemple, ils peuvent intervenir dans les Ehpad pour tous les modes de prise en charge, et plus uniquement pour les neuf modes auxquels ils étaient limités (essentiellement les pansements complexes, les soins palliatifs…). Pour l’instant, les effets de cette mesure sur la croissance de l’activité ne se font pas encore fait sentir, mais « cela va certainement bouger dans les prochains mois ou années », veut croire Nicolas Noiriel, délégué général de la Fnehad.

C’est la même logique qui a guidé Agnès Buzyn lorsqu’elle a annoncé, devant les participants des universités d’hiver de la Fnehad, que les établissements d’HAD et les Services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) pourront désormais travailler ensemble, auprès des mêmes patients. « Auparavant, quand on avait besoin d’HAD pour un patient pris en charge en Ssiad, il fallait tout arrêter avec le Ssiad et basculer vers l’HAD, explique Mickael Benzaqui, conseiller médical de la Fnehad. Avec cette mesure, nous aurons une gestion plus souple. » Et surtout, les hospitalisations complètes et les ruptures de prise en charge dues aux anciennes lourdeurs de la coopération entre HAD et Ssiad seront évitées… ce qui se traduira par un regain d’activité pour l’HAD !

EN CHIFFRES

Une forte marge de progression

→ L’HAD représente, d’après l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih), environ 110 000 patients hospitalisés en 2016. Une paille par rapport aux 7,4 millions de patients pris en charge en hospitalisation complète la même année dans le pays. Mais l’HAD progresse. La Fnehad calcule ainsi que le nombre de séjours hospitaliers à domicile était, en 2016, en augmentation de 8,4 % par rapport à 2015.

→ Et les infirmières dans tout ça ? En 2016, la Fnehad recensait 3 027 IDE salariées dans les établissements d’HAD, auxquelles il faut ajouter 338 cadres de santé et 751 infirmières coordinatrices… sans compter les innombrables Idel qui interviennent en HAD, au cas par cas.