→ Son parcours est original. Médecin, Martin Hirsch a occupé diverses fonctions : président bénévole de l’association Emmaüs, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et haut-commissaire à la jeunesse. Actuellement directeur de l’AP-HP, « le navire amiral du système de santé français », il confie être conscient que l’égalité des soins a du plomb dans l’aile. Il y consacre d’ailleurs tout un chapitre de son ouvrage : « L’argent et la santé font mauvais ménage ». Mais il ne va pas assez loin à notre sens car, étouffé dans le carcan de la tarification à l’activité, l’hôpital français souffre aussi des excès de réunions qui limitent le temps donné au patient, surtout dans le formalisme imposé par la certification, les protocoles et les procédures qui déshumanisent l’acte de soin et le cantonnent dans un carcan de plus en plus rigide, là où il faudrait être inventif et souple pour favoriser l’innovation ! Enfin, l’hôpital souffre d’une absence d’aide aux aidants. En témoigne le burn out qui touche tous les soignants, de l’AS au médecin, et qui devrait être vu comme un événement sentinelle et déclencher des mesures de recrutement, au lieu de penser que le nombre de soignants est une variable d’adaptation budgétaire. Une piste que l’auteur aurait pu explorer… En revanche, on ne peut qu’adhérer à son propos : « Un hôpital n’est pas une entreprise, contrairement à ce que certains craindraient et d’autres souhaiteraient, au sens où il ne sert pas un objectif économique, mais est au service du patient. La richesse qu’il crée a un nom tout simple : la santé. Un hôpital n’est pas non plus une usine qui produit du soin, même s’il utilise une quantité gigantesque de technologies plus sophistiquées les unes que les autres, même s’il mouline des milliards de données, même s’il voit passer des millions de patients. Un hôpital est avant tout une construction humaine, qui traite de rapports interhumains. » Il est donc urgent de continuer à réfléchir sur la « némésis médicale » et de remettre de l’humain au sein d’une médecine hospitalière qui risquerait de se dépersonnaliser. Tant il est vrai qu’une société qui n’écoute plus ses soignants est une société malade ! L’hôpital à cœur ouvert, Martin Hirsch, éd. Stock, 19 €