L'infirmière Magazine n° 389 du 01/01/2018

 

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Laure Martin  

Le réseau Morphée a enquêté pour l’association Soins aux professionnels de santé (SPS) sur la qualité du sommeil des soignants. Les infirmiers, particulièrement concernés, se doivent d’être vigilants.

Explorer les symptômes et les comportements liés aux troubles du sommeil : tel est l’objectif de l’enquête(1) mise en ligne par le réseau Morphée. Pas moins de 13 068 personnes ayant des troubles du sommeil y ont répondu, dont 882 soignants. Parmi eux, 51 % d’infirmiers ou de sages-femmes. Selon l’étude, lors des jours de travail, le temps de sommeil des soignants est plus court (6 h) que celui des non-soignants (6 h 45). Ils sont également 60 % à dormir moins de 6 heures en semaine, contre 44,8 % du reste des interrogés. Enfin, 48 % d’entre eux pensent être privés de sommeil par rapport à leur travail. Les plus concernées ?Infirmières (69 %) et aides-soignantes (30 %).

Attention aux accidents !

« Le sentiment d’être privé de sommeil en raison de son travail a des conséquences importantes pour la santé, explique le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et présidente du réseau Morphée. Ces personnes ont un poids plus important, sont plus somnolentes et ont des scores plus élevés sur les échelles de sévérité d’insomnie, d’anxiété et de dépression. » Conséquence ? Un risque d’accident plus important chez les soignants que chez les autres. « En voiture, les soignants ne doivent pas sous-estimer cette somnolence, rappelle le Dr Royant-Parola. Ouvrir la fenêtre est inutile, ils doivent s’arrêter et dormir dix minutes. » Ils doivent également diminuer les facteurs de privation « en gérant le paramètre sommeil, poursuit-elle. Il faut puiser sur le temps personnel pour récupérer. » Idem s’ils sentent un sentiment de débordement, même s’il ne s’agit pas encore de burn out. Cet indicateur d’intolérance mérite réaction. « Ils se doivent de faire un diagnostic de leur situation, en se faisant aider par un professionnel si besoin, pour comprendre ce qui se passe et prendre les mesures nécessaires », conclut le Dr Royant-Parola.

1- Le questionnaire a été mis en ligne le 3 janvier 2017 et arrêté le 30 septembre.