L'infirmière Magazine n° 390 du 01/02/2018

 

ÉDITORIAL

Héléne Trappo  

Rédactrice en chef

Énorme, la souffrance au travail qui règne au CHU de Grenoble. Énormes, aussi, les conclusions sans concessions du rapport d’Édouard Couty, médiateur national, demandé par Agnès Buzyn pour éclaircir la situation de ce même hôpital après le suicide, sur son lieu de travail, d’un neurochirurgien(1). Allons-nous enfin pouvoir sortir du déni sur des méthodes de management et modes de gouvernance déjà connus et décriés ? Que nous apprend ledit rapport (lire p. 11) ? Ni plus ni moins que ce que clament en chœur les professionnels, à tous les étages de la hiérarchie, du PH à l’aide-soignante (un hommage, au passage, à celle qui s’est récemment suicidée), chaque fois qu’ils descendent dans la rue ou se mettent en grève. Le médiateur déplore la place prépondérante des problématiques budgétaires dans le management, une communication qui passe mal entre le sommet et la base, une organisation trop hiérarchisée… Il prône l’instauration de relations de confiance et le respect, préalable à tout plan d’action, un mode de management plus participatif, favorisant l’autonomie… En voilà une bonne idée, vieille de quelques décennies, mais qui fait si lentement son chemin dans le monde hospitalier… Puisque c’est gravé noir sur blanc dans un rapport officiel, on se prend à espérer que les choses puissent réellement changer, que les conclusions de cet opus soient déclinables pour toutes les catégories de soignants, partout où cela s’avère nécessaire. Énorme, enfin, la décision d’Agnès Buzin de faire perdre au service où sévit le harceleur, le poste occupé par la victime, contrainte de changer de structure. La sanction sans prise de conscience et changement profond suffira-t-elle ?

  • 1- Le praticien aurait été poussé par des motifs personnels d’après les personnes qui ont pu lire la lettre qu’il a laissée.