HYGIÈNE
SUR LE TERRAIN
MON QUOTIDIEN
Sandrine Lana* DR Loïc Simon**
*Responsable du Cpias Grand-Est et pharmacien-biologiste-hygiéniste au CHRU de Nancy
Cet hiver, une discussion opposant les professionnels des blocs opératoires américains a animé nos propres services : est-il conseillé de porter des coiffes réutilisables ? Quelle est la solution la plus hygiénique pour éviter les contaminations et personnaliser cet outil de travail incontournable, symbole du bloc ? Déjà, une première étude américaine(1) a récemment démontré que les calots réutilisables étaient plus hygiéniques et plus efficaces pour prévenir la contamination en particules des blocs opératoires. L’équipe du Dr Markel de l’Hôpital des enfants d’Indianapolis a ainsi réalisé des simulations d’opération avec trois types de coiffes : des calots en tissu, d’autres jetables et des charlottes. Résultat : lors de l’utilisation des calots en tissu, les particules dans l’air sont moins présentes tandis que le nombre de colonies bactériennes s’avère le plus élevé lors de l’utilisation de charlottes. L’usage des calots en tissu est « probablement mieux », selon le Dr Markel dirigeant l’étude, « à condition qu’ils soient lavés quotidiennement ». Cependant, « la plupart des hôpitaux ne disposent pas des services permettant de les entretenir », précise-t-il.
En France, les articles coiffants à usage unique sont recommandés. Pourtant, le Dr Loïc Simon, hygiéniste au CHRU de Nancy et responsable du Centre de prévention pour les infections associées aux soins (Cpias) Grand-Est, confirme les éléments de réponse des confrères américains. « L’usage unique n’est pas mieux que les coiffes en tissu ! Pour autant, en France, nous y sommes réticents car il est peu probable que celles-ci puissent être lavées tous les jours par les établissements. » Les hôpitaux préfèrent donc proposer des coiffes à usage unique peu coûteuses par facilité ou par absence de blanchisserie capable de traiter les coiffes réutilisables jour après jour.
1- « Cloth skull caps shown to be more effective than bouffant-style disposable caps at preventing airborne contamination in the operating room », publié le 22 octobre 2017 durant le American College of Surgeons 2017 Clinical Congress.
→ Le couvre-chef doit pouvoir englober la totalité de la chevelure et être à usage unique.
→ La qualité du non-tissé doit être suffisamment épaisse et la trame serrée pour ne pas laisser passer de cheveux.
→ Privilégier la cagoule pour les opérateurs. Elle limite la surface de peau exposée. Elle recouvre et englobe l’ensemble de la chevelure, les oreilles (et la barbe).
→ Utiliser les coiffes nouées pour tout autre intervenant. Elles assurent une bonne protection pour les cheveux longs et volumineux.
→ Réserver la charlotte aux patients, car la qualité du non-tissé est souvent insuffisante.
→ Une fois en place, on ne manipule plus son couvre-chef. On le changera en cas de déchirure ou de souillure.
→ Il est systématiquement retiré et éliminé à chaque sortie du bloc selon la filière d’élimination des déchets validée par l’établissement.
D’après les recommandations du Cpias.
→ Pour l’heure, le port de la coiffe et ses inconvénients ne sont pas au centre des préoccupations des professionnels de la santé au travail, alors que des études existent sur les conséquences du port des gants en latex ou des chaussures de sécurité. Mais des démangeaisons, de l’eczéma, voire un psoriasis, peuvent apparaître en cas d’utilisation prolongée d’un couvre-chef, en raison de la sueur et de la transpiration.
→ Le bon réflexe n’est pas d’aller consulter son médecin généraliste mais d’aller en parler au médecin du travail, s’il est présent dans l’établissement. C’est lui qui soignera et pourra demander au cadre supérieur hiérarchique du bloc de mettre en place un nouveau produit pour les personnels ne supportant pas les coiffes proposées. « Cela arrive, indique le Dr Simon. Le problème est qu’il y a de moins en moins de médecins du travail dans les petits établissements. En leur absence, il est difficile de faire remonter ce genre de gêne quand elle est rencontrée. C’est préjudiciable pour le personnel soignant. » Dans ce cas, il est préférable de consulter un dermatologue et de tester ses allergies pour ensuite trouver une solution durable.