Cœur du réacteur - L'Infirmière Magazine n° 390 du 01/02/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 390 du 01/02/2018

 

PROJET MÉDICAL PARTAGÉ

DOSSIER

Les GHT s’articulent autour d’un projet médical partagé, qui décline pour cinq ans les ambitions communes des établissements partie-prenante. Son élaboration n’a pas été une mince affaire.

L’histoire des GHT peut se lire comme un feuilleton matrimonial. D’abord, il y a eu l’épisode de la recherche du partenaire idéal. Cette phase a été close en 2016, et l’on sait désormais qui se marie avec qui. Avant d’entamer leur vie conjugale, les partenaires ont ensuite dû rédiger leur contrat de mariage, ou plutôt leur projet médical partagé. Les GHT avaient jusqu’au 1er juillet 2017 pour remettre leur copie aux agences régionales de santé (ARS). Une tâche qui n’a rien eu de facile : seulement les trois quarts des projets étaient rédigés, transmis et approuvés au mois de décembre dernier, d’après la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé.

En réalité, les GHT devaient produire deux documents : un projet médical d’un côté, et un projet soignant de l’autre, traitant plus spécifiquement de la partie paramédicale. Une distinction que beaucoup jugent artificielle. « Si l’on considère qu’il faut une prise en charge globale, il n’y a pas lieu de séparer les deux projets », estime Alexandre Mokede, responsable du pôle « organisation sanitaire » et du dossier des GHT à la Fédération hospitalière de France (FHF). Celui-ci se félicite d’ailleurs que 40 % des GHT aient choisi de les fusionner pour en faire un projet médico-soignant partagé.

Un processus pas très participatif

Mais alors, comment ce précieux document est-il élaboré ? « Nous avons eu un séminaire, avec notamment les directeurs de soins et présidents de CME(1) de chacun des établissements partie-prenante au GHT », raconte Armande Gosse, directrice des soins du groupe hospitalier Aube-Marne, autour de Romilly-sur-Seine (10). « Chacun avait ensuite sa feuille de route, et nous faisions des points réguliers pour présenter aux autres où nous en étions, poursuit-elle. L’écriture nous a pris plus d’années, avec des validations à chaque étape. »

Bien sûr, on peut reprocher à ce processus, qui a été peu ou prou le même dans les autres GHT, de ne pas avoir fortement impliqué les infirmières de terrain, et d’avoir surtout concerné les directions. « Chaque direction devait assurer la communication avec son équipe locale, et des cadres ont été identifiés pour nous rejoindre et travailler avec nous, se justifie Armande Gosse. Chaque groupe était par ailleurs libre de solliciter des infirmières ou d’autres paramédicaux. » « C’est vrai que ce sont surtout les directions des soins et les cadres qui ont été impliqués, reconnaît de son côté Alexandre Mokede. Mais il faut rappeler que le calendrier était serré : certains GHT n’ont eu que six mois pour le faire. »

Identifier les filières

Reste le plus important : le contenu des projets médico-soignants partagés. Celui-ci varie bien entendu de GHT en GHT, mais il est partout organisé en filières de soins, et décline pour chacune d’entre elles les stratégies mises en œuvre en commun pour répondre aux besoins de la population sur le territoire. Le GHT dont fait partie le groupe hospitalier Aube-Marne en a par exemple identifié huit(2). Les actions envisagées vont du recours à l’hospitalisation à domicile (HAD) pour éviter les passages aux urgences des patients hébergés en Ehpad au développement d’une activité d’IRM cardiaque pour pallier un déficit d’offre sur le territoire, en passant par le dépistage de la dénutrition chez les patients âgés.

Et bien sûr, ces projets sont évolutifs. « Ils ne sont pas gravés dans le marbre », assure Alexandre Mokede. Si de nouvelles priorités se font jour, ils pourront être adaptés. Mais en attendant, Armande Gosse se félicite. « J’avais un ingénieur qualité qui nous aidait, et il est parti, raconte-t-elle. Du jour au lendemain, je n’avais plus de cellule qualité. Mais cette absence a été rapidement palliée par le pôle transversal “qualité et sécurité des soins” mis en place par le GHT. Et nous avons pu préparer une démarche de certification commune. » Cette dernière phrase pourrait à elle seule résumer la philosophie à l’œuvre derrière les GHT.

1- Commission médicale d’établissement.

2- Urgences-chirurgie-réanimation ; cancérologie et soins palliatifs ; soins aux détenus ; neuro-cardio-vasculaire ; personnes âgées ; gynécologie-obstétrique-périnatalité ; santé mentale ; réponse aux situations sanitaires exceptionnelles.