L'infirmière Magazine n° 390 du 01/02/2018

 

FORMATION

PRISE EN CHARGE

Stéphanie Vernet  

IDE Service des brûlés au CHU Montpellier

La greffe sur peau mince est l’autogreffe qui s’applique le plus régulièrement sur un hématome. Selon les zones concernées, elle sera en peau pleine ou en filet.

La greffe de peau est la technique la plus courante de couverture des plaies. Le cas clinique de l’hématome perforant (lire p. 36) a été traité préalablement par TPN (thérapie par pression négative) pour que le sous-sol de la plaie soit d’assez bonne qualité et « à niveau », afin que la plaie puisse être couverte par cette technique chirurgicale. Il existe plusieurs types d’autogreffes, selon la profondeur prélevée : sur peau mince, totale, en pastille. Nous aborderons ici uniquement celle qui s’applique dans le cas de l’hématome, la greffe en peau mince, et évoquerons les dermes artificiels et les allogreffes qui peuvent être utilisés en cas d’hématome de surface et profondeur importantes.

1. LA TECHNIQUE D’UNE GREFFE DE PEAU MINCE

La zone de prise de greffe (PDG)

La zone donneuse ou de prélèvement est choisie en fonction de la taille de la surface à couvrir et d’une discussion entre le médecin et le patient. Elle laissera une trace décolorée après cicatrisation. Tout le corps peut être prélevé mais les cuisses et le crâne (les cicatrices seront cachées par la repousse des cheveux) sont privilégiés lorsqu’il s’agit de greffe de taille limitée, comme dans le cas présent. Le prélèvement se fait à l’aide d’un dermatome ( 1), où la largeur et la profondeur du prélèvement sont réglées ( 2) préalablement pour retirer la quantité de peau strictement nécessaire, selon la zone à couvrir. La faible épaisseur du prélèvement laisse intacts les follicules pileux pour permettre la repousse des phanères. Un alginate sec en plusieurs couches est appliqué sur la zone donneuse.

La greffe de peau mince

La greffe en peau pleine

La peau ainsi prélevée ( 3) peut être directement posée sur la zone receveuse, c’est alors une greffe en peau pleine. Cette technique est surtout pratiquée dans le cas de greffe sur les zones de « communication », comme le visage, le cou, le décolleté ou les mains.

La greffe en filet

Pour les autres localisations, on réalise, comme pour monsieur M., une greffe en filet. La zone de prélèvement est plus petite que celle à greffer. On va en effet passer la peau prélevée ( 4) dans un ampli greffe ( 5) pour démultiplier la surface de celle-ci et obtenir des mailles de différentes tailles, en fonction de l’appareil choisi ( 6).

Le plus souvent, la peau ainsi obtenue sera fixée avec des agrafes et maintenue avec un pansement à base de tulle gras et de pommade antiseptique (type polyvidone iodée en pommade). Il est important que la greffe soit maintenue en contact avec la zone receveuse pour bien la vasculariser.

Les techniques complémentaires

L’allogreffe ou la greffe dite « en sandwich »

Il s’agit de peau prélevée lors d’un don d’organe. Elle n’est pas intégrée dans la peau du receveur mais elle sert de pansement biologique en fournissant du collagène et des facteurs de croissance pour potentialiser la prise d’une greffe à large maille. Elle se met en place au-dessus de la greffe en filet initiale et se décomposera au fil des jours ( 7).

Les dermes artificiels

Ils sont utilisés lorsque la perte de substance est importante et ne permet pas la greffe ou lorsque le sous-sol n’est pas d’assez bonne qualité pour recevoir la greffe après la détersion. Il en existe deux types selon le nombre de temps opératoires nécessaires :

→ En un seul temps : le Matriderm, qui est à base de collagène et d’élastine d’origine bovine. Le derme et la greffe sont posés, l’un après l’autre, dans le même temps opératoire.

→ En deux temps : le Nevelia ou l’Intégra ( 8), à base de collagène d’origine bovine, est recouvert d’une couche de silicone. Le derme artificiel est posé et un deuxième bloc est réalisé trois semaines plus tard. Le film de silicone est ensuite retiré et la greffe posée.