L'infirmière Magazine n° 391 du 01/03/2018

 

RÉANIMATION

ACTUALITÉS

FOCUS

Sandra Mignot  

Près des deux tiers des infirmières réalisent des soins qui vont au-delà de leur décret de compétence. Une situation à risque pour les patients et soignants, qui demandent des évolutions de la réglementation.

Selon une étude, 63,6 % des IDE en réanimation font des dépassements de tâches (DDT), et 31 % plus de cinq fois par jour. Parmi les gestes concernés : la modification du taux d’oxygène (52,2 %), celle des boli de sédation (47,2 %) ou du mode ventilatoire (41,4 %). Dans la majorité des cas, ces gestes étaient réalisés pour améliorer le confort du patient (71 %) ou par « habitude de service » (63 %). En revanche, 64 % des interrogés avaient le sentiment de faire courir un risque au malade et 89 % d’en prendre pour eux-mêmes.

C’est la première fois que des données d’une telle envergure sont produites et diffusées. L’enquête, réalisée « un jour donné », le 7 mars 2017, par dix infirmiers en réanimation des CHU de Rennes, Nantes et Tours, a récolté 526 questionnaires sur 36 départements et 94 services (en CHU ou CHG).

Volonté de changement

« En 2016, nous avions réalisé une pré-enquête dans notre service, avec le soutien du réseau des réanimations du Grand-Ouest AtlanRéa, précise l’auteur principal de l’étude, Jérôme Dauvergne, IDE en réanimation au CHU de Nantes. Elle avait montré que 94 % des infirmiers sondés faisaient au moins un DDT par jour. » À la fin de l’étude, une question ouverte interrogeait sur l’attitude à adopter face au DDT. « Seuls 8 ou 9 % ont répondu “rien”, observe l’IDE. Il y a donc une forte demande de changement. » Qui devrait venir d’une meilleure formation. 75 % des interrogés veulent ainsi la création d’une spécialité infirmière. Et 54 % la mise à jour du décret de compétence. « Nous allons à présent pousser la recherche en étudiant l’avis des médecins réanimateurs », conclut-il.