L'infirmière Magazine n° 391 du 01/03/2018

 

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Nous sommes en décembre 2017.

Je suis admise dans un centre hospitalier de province pour une suspicion d’embolie pulmonaire. Je suis atteinte d’insuffisance rénale depuis ma naissance et je suis en hémodialyse depuis 1994. Je ne peux pas passer de scanner à injection car je suis allergique à l’iode. Je dois donc passer une scintigraphie pulmonaire. Et attendre un rendez-vous car c’est un examen qui ne se fait pas dans l’urgence. En attendant, je reste hospitalisée et j’ai plusieurs injections d’anticoagulants par jour. Je suis très très angoissée. Car cette annonce m’a beaucoup inquiétée.

L’interne, que nous allons appeler le Dr S., vient m’annoncer que j’aurai la scintigraphie le lendemain après-midi. Comme il s’agit d’un examen que je n’ai jamais subi, l’interne m’en présente le déroulement : on va m’injecter un produit et me faire inhaler un gaz tout en me faisant passer une imagerie.

J’explique au Dr S. que la dernière fois qu’il a fallu m’injecter un produit, ça s’est très mal passé : les infirmières n’ont pas réussi à me piquer et je n’ai pas pu passer l’examen. J’ajoute que cela m’avait vraiment beaucoup stressée et que je ne serai pas capable de revivre cela une deuxième fois…

Je lui demande s’il est possible de poser un cathéter de dialyse dans ma fistule car c’est devenu difficile de me piquer. Il me rassure en disant qu’il va téléphoner aux infirmiers de la dialyse pour mettre tout cela en place. Je me sens un peu rassurée. Il prend aussi le temps de m’expliquer la future prise en charge si l’examen révèle une embolie pulmonaire car ça m’inquiète beaucoup.

Alors qu’il m’indique que je devrai continuer la calciparine et me reposer, son téléphone d’astreinte sonne. Il doit partir au chevet d’un autre patient. Le Dr S. quitte ma chambre et me lance : « Je reviens ».

Je n’y crois pas trop. Les soignants disent souvent cela et oublient de revenir car ils sont pris par mille et une choses. De telles promesses non tenues peuvent faire perdre confiance en l’équipe soignante même si nous, patients, savons très bien qu’ils sont débordés.

Trente minutes plus tard, on toque à ma porte. C’est le Dr S. Il est vraiment revenu… En quelques phrases bienveillantes, il a su me rassurer et, en tenant parole, il m’a permis d’aborder sereinement la suite de la prise en charge. Heureusement, ce n’était qu’une fausse alerte.