Depuis le 10 janvier, les services des urgences participent au « No bed challenge », initié par le Samu-Urgences de France. Le but ? Déclarer le nombre de patients restés la nuit aux urgences sur un brancard, dans le souci d’alerter sur le manque de lits d’aval.
La surcharge des urgences augmente la morbi-mortalité des patients hospitalisés », assure le Dr François Braun, président du Samu-Urgences de France (SUdF). Pour faire réagir les pouvoirs publics et les directions hospitalières, l’association a mis en place un outil informatiqu(1) sur lequel les chefs des urgences renseignent, avant 10 h, le nombre de patients restés sur des brancards aux urgences, faute de lits. Chaque jour et chaque semaine, les hôpitaux sont classés : une pastille verte si aucun patient n’a passé la nuit sur un brancard, orange lorsqu’il y en a jusqu’à quatre, rouge entre quatre et sept, et noire pour plus de sept. Chaque mois sont aussi élus le meilleur et le pire hôpital. À ce jour, une centaine de services sur 650 structures de médecine d’urgence participent. Et une cinquantaine remplit quotidiennement les données.
« Avec cette campagne, nous voulons toucher la ministre de la Santé, les directions d’établissement et nos collègues, pour qu’ils se rendent compte de la gravité du problème », rapporte le Dr Braun, qui plaide pour une révolution du management de l’hôpital. Selon lui, les solutions doivent venir des établissements via, par exemple, la mise en place d’une unité de gestion des lits ou une adaptation des hospitalisations programmées ou non programmées.
Agnès Ricard-Hibon, chef du service des urgences du CH de Pontoise (95), communique chaque jour ses chiffres et fait partie des bons élèves. « Je participe au No bed challenge car je connais les chiffres sur la morbi-mortalité. Je ne veux pas être complice », souligne-t-elle. Selon elle, il faut faire connaître les modes d’organisation qui fonctionnent. Dans son hôpital, la mobilisation des cadres a amélioré la situation. « La cadre des urgences cherche des lits en lien avec les cadres des autres services, décrit-elle. Elles se réunissent régulièrement pour fluidifier les sorties d’hospitalisation. » Du côté du CHU de Nîmes (30), la situation est loin d’être au beau fixe. « Avec la direction générale, nous cherchons des solutions, notamment par la création d’une délégation du parcours du patient, mais la situation ne s’améliore pas, indique le Pr Jean-Emmanuel de la Coussaye, chef du service des urgences. Face aux problèmes de flux, il est difficile d’agir car nous manquons de lits. Avec le No bed challenge, nous voulons mettre les pouvoirs publics face à la réalité. »
Le discours est identique au CHR de Metz-Thionville (57). « Faute de places pour hospitaliser les patients, tous les ans, nous déclenchons le plan “hôpital en tension”, témoigne le Dr Philippe Sattonnet, responsable du pôle urgences. Avec la direction, nous organisons des cellules de crise trois fois par semaine et nous trouvons des solutions en créant des lits surnuméraires. Mais le problème est toujours là car l’activité réglée n’est jamais déprogrammée. » Cette campagne de communication « est un cri poussé par tous les urgentistes de France pour dire “Regardez ce qu’il se passe et faites quelque chose”, martèle-t-il. Si nous voulons une médecine de qualité, nous devons pouvoir travailler dans des conditions décentes. »
→ Bad de la semaine : Service des urgences du CH de Mayotte (Mamoudzou).
→ Bad du mois : Service des urgences du CH de Mayotte (Mamoudzou).
→ Gagnant de la semaine : Urgences adultes GH Sud-Réunion (Saint-Pierre).
→ Gagnant du mois : Urgences adultes CH Le Mans.
Chiffres disponibles au 12 février 2018