L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

ÉDITORIAL

Karen Ramsay  

Rédactrice en chef adjointe

Le printemps, temps des (heureuses) naissances ? C’est en tout cas ce qu’espère la profession, impatiente d’oublier le temps de la grossesse (parfois douloureux, il faut l’avouer) pour passer au pouponnage et attendre les premiers pas… Si le projet de décret définissant les futures compétences des infirmières de pratique avancée (IPA), mis en couveuse en janvier 2016(1), est sur le point d’être finalisé, il est encore loin de faire l’unanimité… Car, au fil des versions, médecins et infirmières se sont disputé la garde : les premiers craignant de perdre le contrôle et d’être dépossédés de la sacro-sainte notion de “consultation”, et les secondes aspirant à plus d’autonomie et à la reconnaissance de leur expertise… La dernière mouture a suscité de vives contestations (lire p. 13) car le texte a été revu en faveur des médecins (en renforçant leur tutuelle) et que le champ de la psychiatrie a disparu du domaine d’intervention des IPA. Une « marche arrière », dénonce la Coordination nationale infirmière, une réécriture qui satisfait et rassure les médecins. Car ce qui effraie, c’est que l’IPA vienne “piquer le boulot” des médecins, entraînant un manque à gagner financier et une perte de visibilité sur le parcours du patient…

Et pourtant, ce décret pourrait réconcilier les deux parents. Car l’IPA pourrait être une solution notamment au manque de temps médical, aux salles d’attente surpeuplées, à un meilleur suivi des patients chroniques… cela même que dénoncent et demandent les médecins. Alors oui, il faudra peut-être sortir ce décret au forceps et batailler encore pour son application… mais les vingt-huit (longs) mois de gestation ont permis d’amorcer un changement de paradigme, essentiel pour redonner du souffle à un système de santé qui s’essouffle. Un premier cri synonyme d’espoir ?

1- Loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.