ASALÉE PLAÎT, MAIS… - L'Infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 394 du 01/06/2018

 

ÉTUDE

ACTUALITÉS

FOCUS

Émilie Lay  

Une étude sur le dispositif Asalée, publiée en avril dernier par l’Irdes, met en évidence des coopérations fragiles.

Le premier volet qualitatif de l’enquête(1) sur le dispositif Asalée (Action de santé libérale en équipe), a été publié en avril par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Menée entre 2015 et 2017, elle doit être complétée, en 2018, par des résultats quantitatifs.

« De nombreuses infirmières disent s’épanouir professionnellement », en raison d’un « relationnel […] dans la durée » avec les patients et du « travail en équipe » ménageant « liberté » et « autonomie ». Mais aussi du fait de leur « position d’interface » avec d’autres acteurs, sociaux notamment, révèle l’étude, après des entretiens et observations auprès d’infirmières et médecins Asalée, de patients et d’acteurs gravitant autour du dispositif, qui a donné lieu à des « innovations » locales, en réponse à des « besoins jusque-là non couverts » : sevrage tabagique, obésité des enfants…

« Ordre négocié »

Sur le fonctionnement des binômes ou équipes IDE-médecins, les constats sont plus nuancés. Notamment en ce qui concerne la délégation des actes et l’investissement des professionnels. « Une infirmière explique la difficulté d’acquérir la confiance du médecin pour lui donner envie de travailler avec elle », rapportent les auteurs. Et si la mise en œuvre du dispositif est cadrée par un protocole, « il n’engage pas plus que ça et son contenu est vague », juge Claude Kus, IDE Asalée de 2014 à 2015, que nous avons interrogé.

L’Irdes décrit « un “ordre négocié” […] du travailler ensemble », « un processus social fragile », qui « se réinvente en permanence autour de tâches nouvelles » et « [non] décrétées ». Avec un succès des coopérations variable. Il relève aussi un paradoxe : le rôle « moteur » des IDE dans « le développement de pratiques pluriprofessionnelles »… qui « ne dépend pas uniquement d’elles » et exige beaucoup d’« adaptabilité ». Au risque d’un « épuisement, surtout lorsque les médecins restent peu engagés ». Certes, des appuis existent, comme des réunions de secteur, mais elles ne sont pas pluriprofessionnelles. Des déséquilibres auxquels il faudra remédier, en clarifiant notamment le partage des tâches.

1- « Asalée : un espace de transformation des pratiques en soins primaires ». À consulter ici : bit.ly/2vXW3oD