Dans les pas de Bullinger

Pour approfondir le projet de recherche évoqué dans ce dossier (lire p. 43), il convient de présenter le développement sensori-moteur, qui a été conceptualisé par le P^r André Bullinger et qu’il nous paraît important de transmettre aujourd’hui aux professionnelles de la petite enfance. L’outil qui en découle est actuellement utilisé par des professionnels médicaux et paramédicaux, ayant bénéficié d’une formation longue à l’ASM (approche sensori-motrice) et au BSM (bilan sensori-moteur), validée par un diplôme.

Qui est André Bullinger ?

André Bullinger (1941-2015) était psychologue, professeur honoraire à la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève. Ses enseignements et ses recherches fondamentales sont centrés sur le développement sensori-moteur du jeune enfant (de 0 à 18-24 mois), avant toute individuation et accès au langage. Il a créé, dans le cadre de l’université de Genève, une consultation – l’Atelier de l’enfance – où il recevait des enfants atteints de déficits sensoriels et moteurs ainsi que de troubles du développement. S’il se situe dans la filière de Jean Piaget et de Julian de Ajuriaguerra, avec lesquels il a travaillé directement, il fut aussi influencé par la pensée d’Henri Wallon (notamment le concept de « dialogue tonique ») et par les travaux de psychologues russes comme Alexis Leontiev ou Lev Vygotski. Il accorde également de l’intérêt aux travaux de psychanalystes comme René Spitz. En France, il a collaboré avec de nombreux chercheurs et auteurs (Geneviève Haag, Pierre Delion, Didier Houzel, etc.) et ses travaux inspirent de plus en plus les professionnels de santé. Il a particulièrement développé les « regards croisés » entre praticiens de formation différente et aidé des équipes à mieux comprendre pour mieux accompagner les patients en difficulté.

Il a développé un outil d’évaluation, le « bilan sensori-moteur », dont l’objectif est de comprendre les processus développementaux, les modes d’organisation sensori-motrice et les potentialités d’une personne. Ce bilan est enseigné depuis plusieurs années en Suisse et en France aux médecins, psychologues, psychomotriciens, kinésithérapeutes, orthophonistes et ergothérapeutes. Il se pratique en libéral ou en institution. Il est enfin appelé à être utilisé dans les projets de recherche.