Au CHU d’Angers, un atelier de maquillage est proposé, environ une fois par mois, par l’association Belle et bien. Un moment de répit – et de convivialité – dans le parcours de soin de ces femmes atteintes de cancer.
Une salle de réunion dans le service de cancérologie du CHU d’Angers (Maine-et-Loire), à l’écart des bâtiments dédiés aux soins. Des tables ont été disposées en carré, et huit femmes y ont pris place. Devant chacune, un miroir, un porte-perruque et une trousse de couleur fuchsia siglée « Belle et bien », du nom de l’association nationale(1) qui propose des ateliers de maquillage aux femmes atteintes d’un cancer. Une initiative vécue la plupart du temps comme « une parenthèse enchantée », explique Carole Darré, coordinatrice de la branche angevine.
D’une durée de deux heures, ces ateliers gratuits sont animés par une esthéticienne bénévole et deux organisatrices qui, en plus de seconder la professionnelle et d’aider les participantes, s’occupent de la mise en place de l’atelier. « Nous sommes les petites mains qui œuvrons pour que ces femmes se sentent bien durant ce temps passé ensemble, poursuit Carole Darré. Nous faisons en sorte que ces deux heures soient un vrai moment de détente… Comme si nous étions dans une réunion entre copines ! »
L’idée de ce soin de support revient à Ingrid Cartier, psychologue au centre de coordination du CHU d’Angers. « L’équipe de l’association Belle et bien intervenait déjà à l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO) Paul-Papin. J’ai assisté à l’un de leurs ateliers et je me souviens des rires qui fusaient dans la salle. D’ordinaire, on ne voit pas cette joie dans ces services de soin… » Ainsi, depuis près de deux ans, les patientes admises en hôpital de jour en cancérologie au CHU d’Angers peuvent se rendre, environ une fois par mois, à ces ateliers. Certaines ont appris l’existence du dispositif par l’association La Ligue contre le cancer. D’autres en ont été informées par le personnel soignant. Et selon le stade où elles se situent dans leur parcours de soin, elles adhèrent – ou non – au projet. « Elles le font parce que le combat contre le cancer leur semble primordial. Ou bien parce que cela les effraie d’être confrontées à la maladie ou aux effets secondaires des autres, reconnaît la psychologue. Les infirmières d’annonce ont ainsi la charge de proposer ce genre d’initiative, qui contraste avec les soins techniques ou la mise en place des chimiothérapies », reconnaît Ingrid Cartier.
L’association a d’ailleurs invité des professionnels de santé lors du premier atelier. Parmi elles, Nelly Corbel, une infirmière au service gastrologie et urologie, et infirmière d’annonce. « Nous étions quatre professionnelles et quatre patientes. Cela m’a permis de comprendre l’importance de cette démarche. Et d’avoir en main les arguments pour mieux “vendre” l’initiative auprès des patientes. Ici, elles retrouvent leur statut de femme. C’est un instant de douceur. Un goûter entre amies ! Cet atelier vient illuminer leur parcours de soin. Quand je revois une patiente après son atelier, elle est heureuse d’avoir rencontré d’autres personnes », confie l’infirmière.
Dans la salle, l’ambiance est détendue. Certaines ont retiré leurs perruques. D’autres préfèrent garder le foulard. Pendant ces deux heures, la maladie n’est jamais évoquée. D’ailleurs, il n’y a pas de soignants. Mireille, atteinte d’une leucémie, est ravie d’être venue avec son amie Chantal, elle aussi malade : « Pendant ces quelques heures, on se sent moins seule. Il y a une vraie convivialité. C’est aussi très important de prendre un peu plus soin de soi parce que, par moment, on peut se laisser aller. » Perrine Chauvin, esthéticienne, leur prodigue ses conseils. « Nous leur donnons des informations sur les produits de soin. Puis nous passons à la pratique, avec des techniques simples. » Les produits, offerts par des grandes marques, ont tous été testés en laboratoire par l’association. Puis testés de nouveau par le service de dermatologie du CHU, à la demande d’Ingrid Cartier.
Quand la séance se termine, tout ce petit monde repart avec sa trousse de produits et un fascicule reprenant l’essentiel des informations distillées pendant l’atelier. Et si la courte parenthèse se referme, ces moments partagés continueront à éclairer leurs lendemains. Comme le souligne Catherine, une patiente : « Avec le maquillage, je ne pense plus à rien. Il faut faire l’effort de prendre soin de soi. Sinon, c’est la maladie qui gagne. »