L'infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018

 

PREMIERS SECOURS

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

DR Pascal Cassan*   Anne-Gaëlle Moulun**  


*médecin urgentiste et conseiller national auprès de la Croix-Rouge française

Sur la plage, le sable fin et les vagues peuvent cacher des dangers inattendus. « L’été, nous sommes essentiellement confrontés à de nombreuses plaies, car les gens marchent pieds nus sur la plage ou se promènent sur les rochers, avec le risque de se blesser, souligne Pascal Cassan, médecin urgentiste et conseiller national auprès de la Croix-Rouge française. Les enfants sont particulièrement exposés. » Notamment au coup de chaleur si, par exemple, on laisse un enfant ou une personne âgée dans un véhicule en plein soleil. Par ailleurs, les animaux marins (méduses ou poissons piquants) peuvent aussi représenter un danger. Sans compter la noyade, même si elle est - fort heureusement - statistiquement plus rare. Néanmoins, même en tant qu’infirmière, être formée aux premiers secours peut s’avérer très utile pour répondre à toutes ces situations.

Quand ça pique…

→ Les méduses possèdent des petites vésicules remplies d’un liquide urticant. Au moment de l’éclatement de ces vésicules, une réaction urticante se produit : ça peut gratter très fort voire brûler en réaction au produit. Que faire ? Sortir immédiatement de l’eau et enlever ces petites vésicules. Attention, il ne faut surtout pas les nettoyer sous la douche, car elles vont éclater et aggraver la réaction ! Le bon geste : mouiller avec de l’eau de mer puis mettre du sable et enfin, racler la peau à l’aide d’une revue ou d’une carte bançaire par exemple, pour ôter à la fois le sable et les vésicules. Un autre moyen de rincer la plaie sans faire éclater les vésicules est d’utiliser du vinaigre. Même si les piqûres de méduse sont généralement bénignes, si la victime présente une grande rougeur et des difficultés respiratoires, il faut immédiatement appeler le 15 car cela peut être une réaction allergique majeure.

→ La piqûre d’un poisson venimeux (rascasse, vive, etc.) peut provoquer une douleur très forte. Pour venir à bout du venin, mettez le pied de la victime dans l’eau la plus chaude possible, ce qui va permettre de diminuer considérablement la douleur grâce à l’effet thermolabile sur le venin. Il faut ensuite consulter un médecin. Dans les jours suivants, il faut surveiller que la plaie ne devienne pas rouge, chaude et douloureuse. En ce cas, il vaut mieux consulter car il s’agit très probablement d’une infection.

Le coup d’chaud

La personne est rouge, chaude et se met éventuellement à vomir ? C’est un coup de chaleur ! Qu’elle soit restée trop longtemps en plein soleil ou dans une voiture surchauffée, la conduite à tenir est la même : en premier lieu, supprimer la cause et mettre la personne à l’ombre. L’idéal est de la placer dans une pièce tempérée, voire climatisée, pour arrêter immédiatement les effets de la chaleur. Il faut ensuite faire baisser la température grâce à des serviettes mouillées et un ventilateur. Dans la plupart des cas, cela sera suffisant. Néanmoins, si la personne présente des troubles de la conscience, si elle est somnolente ou qu’elle se met à vomir plusieurs fois, il faut immédiatement appeler le 15 car cela peut être plus grave.

Quelle plaie !

→ Qu’elle soit due à un rocher, à un morceau de verre sur la plage ou à toute autre cause, il faut se laver les mains avant de toucher à une plaie. Puis la laver à l’eau et au savon de Marseille, qui ne pique pas et élimine la majorité des germes. Ensuite, on peut utiliser un antiseptique si on en a dans sa trousse de secours. Enfin, il faut protéger la plaie avec un pansement. Dans les jours qui suivent, vérifiez qu’elle ne devient pas rouge, chaude et douloureuse. Dans ce cas, il vaut mieux voir un médecin. Si la plaie est profonde ou mal située, près d’un orifice naturel (yeux, nez, oreilles ou organes génitaux), il est préférable de consulter.

Et si quelqu’un se noie ?

« Même si je suis infirmière ou médecin, je ne saute pas à l’eau à moins d’être certain de ma technique de natation et des techniques d’extraction », avise le Dr Cassan. En effet, un noyé peut être un réel danger pour celui qui va le sauver, car il risque de l’entraîner aussi. Le premier réflexe doit être d’envoyer un corps qui flotte ou de prévenir les maîtres-nageurs sauveteurs s’il y en a. Lorsque la victime est ramenée sur la berge, la conduite à tenir dépend de son état :

→ Elle ne respire pas et est en arrêt cardiaque : il faut appeler les secours et entamer une réanimation cardio-pulmonaire. L’idéal ? Commencer par cinq insufflations, puis alterner deux ventilations et trente massages cardiaques jusqu’à l’arrivée des secours.

→ Elle respire mais est inconsciente : il faut la mettre très vite sur le côté, en position latérale de sécurité, afin qu’elle ne vomisse pas dans ses bronches, puis appeler le 15 ou le 18 et attendre les secours en surveillant attentivement sa respiration.

→ Elle a bu la tasse mais respire et est consciente : il faut la placer dans la position dans laquelle elle se sent le mieux puis appeler les secours, qui décideront de la conduite à adopter.