FORMATION
CAS CLINIQUE
Claire Manicot* Charlène Malesieux**
*infirmière coordinatrice à l’Ehpad La Villa
du Tertre, à Saint-Parre-aux-Tertres (Aube)
Une incontinence urinaire, consécutive à un accident vasculaire cérébral (AVC), peut être réversible, même chez une personne âgée. Les soignants seront là pour aider, stimuler et favoriser la récupération.
→ Geneviève Dubois, 77 ans, autonome, vit seule dans le Sud de la France. Elle a un traitement anti-hypertenseur qu’elle néglige par des oublis.
→ Elle est hospitalisée pour un accident vasculaire cérébral (AVC) avec hémiplégie droite, aphasie et incontinence urinaire. En deux jours, elle récupère l’usage de la parole et la mobilité de son bras droit.
→ Elle est ensuite admise pour un mois en service de rééducation où elle retrouve la mobilité partielle de sa jambe droite et réapprend à marcher avec une canne. La patiente ne peut retourner dans son appartement situé au 2e étage sans ascenseur, elle accepte d’entrer dans un Ehpad, non loin de chez sa fille.
→ À son arrivée, l’équipe soignante analyse les besoins de la résidente. C’est une dame volontaire, dynamique, qui n’a pas la langue dans sa poche. Elle clame que, maintenant, elle prend ses médicaments chaque jour et que sa tension est « bonne » mais pleure quand elle évoque sa peur de sentir mauvais à cause des fuites urinaires. « Avec ma jambe, je mets trop de temps à arriver aux WC. On m’a mis des couches, se plaint-elle. Elles sont trop grandes et je ne suis pas un bébé ! J’aimerais me débrouiller seule. »
Certains facteurs sont considérés comme prédictifs de l’incontinence post-AVC : âge, sévérité de l’ictus, diabète, hypertension artérielle. Si Mme Dubois est une personne âgée, il faut prendre en compte qu’elle n’avait aucun problème d’incontinence urinaire avant son accident. De plus, sa tension artérielle est stabilisée. La récupération après un AVC est un processus au long cours. Les troubles urinaires peuvent se résoudre spontanément dans de nombreux cas dans les six à douze mois après l’AVC.
→ L’objectif de l’équipe soignante sera de trouver une réponse adaptée à l’altération de la fonction urinaire de la résidente tout en favorisant son autonomie. Mme Dubois ne veut pas de changes dits complets. On lui proposera des protections anatomiques qu’elle peut utiliser comme des serviettes hygiéniques, avec des slips filets ou ses culottes personnelles. Les premières semaines seront une phase d’observation pour savoir ce qui lui convient le mieux, selon la capacité d’absorption et les caractéristiques de l’incontinence (diurne, nocturne, urgences mictionnelles, pollakiurie…).
→ Le plan de soin n’est pas gravé dans le marbre. À travers celui-ci, les soignants donnent des consignes et indications : types de protection le jour, la nuit, rythme des changes, aide pour le changement en raison de la difficulté à marcher, incitation à aller aux toilettes. Ce plan de soin sera mis à jour en fonction de l’évaluation des actions mises en place et réajusté en fonction des besoins. Mme Dubois peut en effet récupérer au fil des semaines la continence urinaire.
→ La dimension psychologique est à prendre en compte. À tout âge, ne plus maîtriser ses sphincters provoque la honte. Mme Dubois l’exprime en disant qu’elle ne veut pas de « couches » et qu’elle a peur de sentir mauvais. Les soignants vont dédramatiser les fuites, expliquer que les changes réguliers empêchent les mauvaises odeurs, rappeler que la situation peut s’améliorer et qu’ils sont là pour aider au changement de protections et accompagner aux WC.