FORMATION
L’ESSENTIEL
Claire Manicot* Nicolas Dutriaux** Guillaume Carnaux***
*sage-femme (secrétaire du Collège
National des Sages-Femmes de France - CNSF)
**kinésithérapeute
La rééducation du périnée se base sur des exercices à faire avec une sage-femme ou un masseur-kinésithérapeute. Elle est le traitement de première intention de l’incontinence.
La rééducation périnéale consiste à pratiquer des exercices pour renforcer la musculature et améliorer les contractions réflexes du périnée, nécessaires notamment à la continence, sous la direction d’une sage-femme ou d’un kinésithérapeute. Elle est souvent indiquée chez les femmes après un accouchement et c’est le traitement de première intention de l’incontinence urinaire.
Cette rééducation est indiquée quand les tissus du périnée ont perdu leur tonicité ou leur souplesse musculaire et ne peuvent plus remplir correctement leur fonction de soutien des viscères (risque de prolapsus) et de continence urinaire voire fécale. Chez la femme, elle est classiquement indiquée dans les suites de couches, en raison de la pression sur le bas-ventre pendant la grossesse et/ou des traumatismes obstétricaux lors de l’accouchement. Mais elle peut être indiquée chez les femmes nullipares et à tout âge, ainsi que chez les hommes, par exemple après une prostatectomie.
→ Les sages-femmes sont habilitées à pratiquer la rééducation périnéale sans limite d’âge dans le cadre des suites et conséquences d’un accouchement (donc théoriquement pas chez les nullipares, en dehors d’une éducation périnéale dans le cadre du suivi gynécologique de prévention) ni chez les hommes. Elles peuvent effectuer elles-mêmes la prescription dans le cadre du post-partum (quatre-vingt-dix jours) et sinon, réalisent la rééducation sur prescription médicale.
→ Les masseurs-kinésithérapeutes peuvent réaliser la rééducation périnéale chez toute personne ayant une prescription médicale, sauf dans les suites immédiates du post-partum. En effet, pour qu’il y ait prise en charge de la part de l’assurance maternité, ils ne pourront pratiquer la rééducation qu’après un délai de quatre-vingt-dix jours, sauf en l’absence de sage-femme rééducateur dans un rayon de 50?km autour du domicile.
→ La rééducation consiste en une alternance de contraction et de décontraction musculaire. Chez la femme, le thérapeute introduit ses doigts (travail manuel) ou une sonde (électrostimulation et biofeedback) dans le vagin, chez l’homme la rééducation se fait via l’anus. D’autres techniques moins invasives peuvent venir compléter ces séances pour encourager l’auto-rééducation à domicile. Les séances durent une trentaine de minutes, à raison de deux à trois fois par semaine et leur nombre varie en fonction des besoins et de l’étiologie initiale de l’incontinence. La moyenne basse est d’environ dix séances.
La rééducation périnéale touche à la sphère intime, elle requiert beaucoup de tact de la part du thérapeute qui devra expliquer en quoi elle consiste et demander l’accord de la patiente/du patient. Lors de la première consultation, le thérapeute procédera à un interrogatoire et à un examen clinique de manière à évaluer l’altération de la fonction périnéo-sphinctérienne : inspection abdominale, périnéale, anale, toucher vaginal, recherche de prolapsus, testing du périnée. L’information permettra d’expliquer le dysfonctionnement du périnée, avec éventuellement l’aide de planches anatomiques. Le périnée reste un ensemble de muscles mal connu. Un temps sera généralement nécessaire pour que la femme prenne conscience de ces muscles, les localise et contrôle la contraction volontaire, préalables indispensables à la rééducation proprement dite pour permettre un retour à la contraction réflexe.
→ Le travail manuel et les exercices du plancher pelvien. La patiente fait travailler les différentes zones du périnée tandis que le thérapeute exerce une stimulation ou une résistance avec ses doigts introduits dans le vagin.
→ Électrostimulation fonctionnelle : une sonde, introduite dans le vagin, envoie des impulsions électriques qui vont faire contracter de manière passive les muscles du périnée. Cela n’est pas à proprement parler douloureux, mais peut être ressenti comme des picotements ou des pincements. L’électrostimulation est contre-indiquée en cas d’infection urinaire ou vaginale, lésions périnéales nerveuses, prolapsus génital sévère, hémorragie, grossesse, pacemaker, épilepsie et chez les personnes souffrant de sclérose en plaque.
→ Biofeedback : cette technique consiste à enregistrer l’activité électrique de la contraction des muscles et de la visualiser sur un écran. Cela permet à la patiente de prendre conscience des contractions puis de les corriger.
Il existe un consensus pour mettre en œuvre une prise en charge globale associant à la rééducation périnéale, une approche complémentaire pour renforcer la sangle abdominale et corriger la statique lombo-pelvienne, ainsi que la synchronisation respiratoire.
Il est recommandé à la patiente de répéter les exercices de contraction du périnée entre les séances puis à long terme, afin de consolider et de préserver les acquis de la rééducation.