L'infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

Sandra Mignot  

Il n’y a pas de routine, pas de journée type dans la prestation. On part le matin, avec un programme, et on en dévie forcément en fonction des urgences. C’est toujours ce qui m’enthousiasme.

Je suis arrivée dans la prestation de santé à domicile au bon moment, résume Nathalie Racine, actuellement infirmière conseil référente régionale chez Vitalaire. C’était avant 2006. À l’époque, les prestataires de santé à domicile (PSAD) n’étaient pas obligés d’employer des infirmières, nous étions peu nombreuses et beaucoup d’opportunités m’ont été proposées. Je ne suis pas sûre qu’il serait aussi facile pour une jeune recrutée de bénéficier des mêmes perspectives aujourd’hui. »

→ L’époque de tous les possibles. Après une première année d’exercice en CHU, la jeune femme n’avait pas trouvé son compte dans le soin hospitalier. Un peu plus heureuse dans un centre de soins à domicile, elle voulait néanmoins évoluer vers l’enseignement et recherchait un poste qui lui permettrait d’accéder à l’école des cadres. « Le centre de soins ne pouvait me financer cette formation, alors j’ai commencé à chercher ailleurs. »

Nathalie tombe finalement sur une annonce pour un poste chez un prestataire où elle est engagée comme infirmière technico-commerciale. « Je n’ai jamais repris mes études, mais je me suis vraiment éclatée. À l’époque, il nous fallait vraiment convaincre les médecins prescripteurs que la perfusion à domicile, c’était possible et sans danger. Nous faisions des kilomètres pour ça. Je couvrais un secteur considérable dans le Nord et le Nord-Ouest de la France », se remémore-t-elle.

Nathalie découvre le domicile et les patients sous un autre angle. Ils ont tous les âges et elle passe de la « néonatalogie à la gériatrie dans la même journée ». Ils ont aussi des pathologies très variées : « Sida, mucoviscidose, pathologies respiratoires… Nous préparions même - ce qui n’est plus autorisé - des chimiothérapies au domicile. »

→ Plaisir et évolution. Cette infirmière hors les murs ne pratique plus de soins, mais cela ne la dérange pas vraiment. « Le soin direct, ce n’était pas une fin en soi. Ce qui m’intéressait, c’était qu’il me permette l’entrée en relation », assure-t-elle. Ce que lui procure également sa fonction chez un PSAD. « En plus, je trouve que l’infirmière n’est pas vraiment poussée vers le haut en milieu de soin, alors que j’ai découvert un univers où je suis autonome, où je m’éclate et évolue régulièrement. C’est beaucoup plus valorisant. »

Tous les quatre ou cinq ans, son employeur lui propose en effet un nouveau poste ou une nouvelle orientation de son poste. En 1998, elle devient, à mi-temps, infirmière référente en hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) dans un service du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Un poste rare, où elle représente le PSAD au sein de l’équipe soignante, participe à l’éducation du patient équipé d’un cathéter central avant son retour à domicile, évalue les besoins en termes d’intervention libérale, l’adaptation du logement pour le quotidien d’un patient atteint d’une maladie très invalidante… « Il s’agit d’amener le patient vers l’autonomie, dans le cadre d’une prise en charge globale. » À l’occasion, elle fréquente même des rencontres d’experts nationaux ou internationaux…

→ Pas de routine. Nathalie conserve ce poste plutôt exceptionnel jusqu’à ce jour. En parallèle, elle s’est impliquée dans la formation, de manière ponctuelle, dès 2001, pour parvenir à la fonction de chargée de formation au siège parisien de Vitalaire, en 2006. Elle conçoit des notices de formation, prépare les jeunes recrutés à la fonction et même parfois certains techniciens, développe des modules de e-learning.

Entre ces diverses fonctions, successives ou simultanées, on comprend que Nathalie conserve intact son enthousiasme pour ce métier. « Il n’y a pas de routine, pas de journée type dans la prestation. On part le matin, avec un programme, et on en dévie forcément en fonction des urgences. C’est toujours ce qui m’enthousiasme et me maintient dans l’entreprise. »

MOMENTS CLÉS

1989 : Diplômée de l’Ifsi de Bois-Guillaume (76).

1989-1990 : Travaille dans un service de pneumologie au CHU de Rouen puis dans un centre de soins à domicile de la Croix-Rouge.

1994 : Arrive chez Vitalaire comme infirmière technico-commerciale.

1999 : Devient à mi-temps référente nationale HTAP et exerce au Kremlin-Bicêtre (94). 2006 : Chargée de formation à Vitalaire tout en conservant son poste de référent HTAP.