L'infirmière Magazine n° 395 du 01/07/2018

 

QUÉBEC

ACTUALITÉS

AILLEURS

Héloïse Rambert  

Un tribunal a ordonné à un centre de soins d’embaucher du personnel pour offrir des soins adéquats aux patients. Une décision sans précédent.

Quand la décision a été rendue, mes collègues m’ont appelée, satisfaits que le syndicat ait pu obtenir gain de cause. J’étais aussi très contente. » Elizabeth Rich, infirmière et vice-présidente santé et sécurité au travail de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), a le sentiment du devoir accompli. En effet, le 27 avril dernier, un tribunal d’arbitrage a donné raison à son syndicat et ordonné à son employeur, un centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), situé à Montréal, de créer des postes.

Le centre accueille 125 adultes en perte d’autonomie et nécessitant au moins trois heures de soins par jour. Ces dernières années, les conditions de travail et la qualité des soins se sont dégradées de façon alarmante. « Nous ne comptions plus les heures supplémentaires obligatoires, les arrêts maladie, le non-remplacement de personnel… Les patients n’étaient pas changés, pas nourris. Ce que nous faisions était dangereux », assure-t-elle.

Une victoire pour les IDE

En 2016, le personnel commence à interpeller la direction. « Après une manifestation qui n’a rien changé, nous avons dû faire intervenir une médiatrice », dont le rapport dresse un bilan désastreux du fonctionnement du CHSLD. « Elle a constaté de la maltraitance, purement et simplement », note l’IDE. Le rapport provoque l’ire de la direction. « Nous avons décidé d’aller en justice », rapporte Elizabeth Rich.

Les trois jours d’arbitrage aboutissent à une décision inédite : le tribunal somme le CHSLD de créer des postes d’IDE et d’AS, et de transformer les postes à temps partiel en temps plein (de façon à augmenter les effectifs au moment des repas, par exemple). Il se prononce également en faveur d’un réaménagement des horaires de travail.

Si la direction a décidé de faire appel du jugement, « le changement va encore prendre du temps, soupire la représentante syndicale. Mais les faits sont là. Ils peuvent juste retarder la mise en application de ce qui a été décidé. »